Publié le Vendredi 3 mai 2019 à 10h34.

Violente agression contre un membre de la Roya citoyenne

Retour sur une agression, particulièrement préoccupante, contre un militant solidaire des migrantEs.

C’est par un article de Nice-Matin, puis par un communiqué de l’association Roya citoyenne, que l’information a été rendue publique : « En pleine nuit, de samedi à dimanche 14 avril, un membre actif de Roya citoyenne qui héberge et accompagne en toute légalité des demandeurs d’asile dans leurs démarches administratives, s’est sauvagement fait agresser à son domicile à Contes par une quinzaine de jeunes, certains munis d’armes blanches. Ils ont entièrement détruit son véhicule, brisé toutes les vitres de son appartement, saccagé par des objets lancés depuis l’extérieur. Notre ami a dû être hospitalisé en urgence avec perte de connaissance, traumatisme crânien et de nombreuses contusions avec points de suture causés par les projectiles. Les demandeurs d’asile qu’il accueillait et lui-même sont gravement traumatisés psychologiquement, et ce d’autant plus que cet acte prolongeait une première agression subie à son domicile il y a quelques semaines… »

Une première alerte avait été lancée

Hugo, militant de la Roya citoyenne, héberge chez lui, depuis six mois, quatre migrants venus du Nigéria, qui n’ont heureusement pas été blessés. Interrogé dans l’Humanité le 23 avril, il décrit ses agresseurs comme « des monstres, quinze monstres, tout autour de chez moi, torses nus et tatoués, criant des slogans nazis ». Des « monstres » parmi lesquels certains (au moins trois) avaient déjà tenté de l’agresser quinze jours plus tôt, après d’autres tentatives d’intimidation. Or, ainsi que le rappelle l’Humanité, « [Hugo] avait porté plainte, reconnaissant, cette première fois comme la suivante, un jeune voisin de son hameau. » Une première alerte qui n’a pas été suivie d’effet, et une seconde agression qui aurait pu être encore plus tragique si la porte de la maison du militant n’avait pas résisté aux assauts des nervis d’extrême droite, qui ont blessé Hugo en lançant des objets par les fenêtres.

Il faut dire que dans la vallée de la Roya, la police et la justice semblent beaucoup plus attachés à traquer les migrantEs et les militantEs solidaires qu’à s’en prendre à ceux qui les agressent. On pense ici bien sûr au cas de Cédric Herrou, qui ne compte plus les convocations au tribunal et au commissariat, mais aussi à la garde à vue, en mars dernier, sans motif, de sept militantEs de la Roya citoyenne, parmi lesquels trois membres de son conseil d’administration, au cours de laquelle plusieurs d’entre eux ont appris qu’ils étaient sur écoute téléphonique… 

« Nous dénonçons les cyniques stratégies des politiciens »

Les nervis qui ont agi dans la nuit du 13 au 14 avril n’ont pu le faire que parce qu’ils se sentent suffisamment légitimes pour s’en prendre physiquement à des militantEs et à des migrantEs. Une légitimité que leur confèrent les pouvoirs publics eux-mêmes, à force de jouer avec les peurs, en stigmatisant les migrantEs et en s’acharnant contre les militantEs de la solidarité. Nous ne pouvons que partager les termes du communiqué publié par l’association, qui a organisé le samedi 27 avril un rassemblement à Nice pour dénoncer l’agression d’Hugo : « Avec rage, amertume, et une profonde inquiétude pour l’avenir, nous dénonçons les cyniques stratégies de politiciens telles, par exemple, les récentes déclarations du ministre de l’Intérieur qui s’autorise à reprendre des allégations de politiciens de l’extrême droite italienne associant des ONG aux passeurs… Elles visent ces mêmes voix dans notre pays et, en banalisant ces idées nauséabondes et dangereuses de funeste mémoire, alimentent la haine de l’Autre, et légitiment les pires actes comme à Contes. »   

Correspondant