Publié le Mardi 19 décembre 2017 à 11h35.

Wauquiez, candidat de la droite extrême…

Laurent Wauquiez a donc été élu à la tête des Républicains avec un score de 74.64% . Une victoire à la Pyrrhus dans une élection désertée par les caciques de la droite tout occupés à préserver leur clientèle, à regarder du côté de Macron ou à attendre des jours meilleurs... 100 000 adhérents ont participé au scrutin soit autant que le nombre de ceux qui ont déserté LR et l’hémorragie continue y compris au sommet....

Les défections...

Juppé, Xavier Bertrand, NKM et bien d'autres ont rompus avec le nouvel élu, ne pariant pas un centime sur son avenir et préférant tenter de préserver le leur...  Valérie Pécresse ou Raffarin semblent rester mais pour mieux jouer leur propre carte. « Avec son élection, nous assistons au départ de militants et d’élus et je leur dis : Restez. Restez avec nous dans Libres ! », disait Pécresse dans Le JDD ventant son propre club et espérant enfin trouver un rôle de premier plan quand Wauquiez se sera lui-même mis  en échec...

Le grand rassemblement de la droite n'aura pas lieu. Ce n'est pas une grande surprise. Les caciques qui rompent avec Wauquiez  ne sont pas moins réacs que lui. Ils disent le trouver trop « populiste »  ou « extrémiste ».  Du baratin, ils cherchent simplement à sortir du piège  que leur a laissé Fillon.  Entre Macron et le FN, il n'y a pas de place pour les LR...

Sur le terrain du FN

Tout cela n’empêche pas Wauquiez d'afficher un enthousiasme quelque peu ridicule en proclamant «C'est une droite renouvelée qui se lève aujourd'hui, une droite qui assume ses valeurs, une droite sereine qui ne se cachera plus dans les petits renoncements ». Cette nouvelle ère pour la droite ressemble comme deux gouttes d'eau à la politique de Sarkozy ou de Fillon, la même démagogie réactionnaire qui ne se démarque qu'en chassant sur les terres du FN pour le profit de ...ce dernier.  . Prétendant contrer le FN  il a multiplié les déclarations anti-immigrés, anti-musulmans et anti-pauvres. En septembre,  il avait lancé une pétition contre la création de camps de réfugiés « jungles » sur l’ensemble du territoire national, comme si le gouvernement avait eu un plan en ce sens. Se faisant le relais de la haine anti-immigrés, il a aussi traité d’assistés ceux qui, privés de travail, n’ont que le RSA pour vivre. Et dénonçait le « veau d’or du libre-échange »,  faisant semblant de dénoncer les conséquences de la mondialisation capitaliste !

« Nous voulons tirer les leçons. Place au renouvellement. La droite se tourne vers l'avenir » a-t-il déclaré en présentant son équipe dirigeant.  « Dimanche dernier, les électeurs de droite se sont fortement mobilisés pour demander un nouveau souffle à droite et nous voulons porter cet espoir de renouvellement. » Pas trop le choix il faut dire !  Virginie Calmels, ex-proche de Juppé, est vice-présidente, une arriviste prête à tous les discours les plus réacs qu'elle pourra aisément concocté avec le deuxième vice-président, Guillaume Peltier, un sarkozyste qui a commencé au Front national de la jeunesse...

La vraie menace

Nicolas Bay du FN ironise,  « Il vient braconner un peu, comme on dit, sur les idées du Front national mais il fera comme ce que fait toujours la droite c'est-à-dire parler comme le Front national quand ils ne sont pas au pouvoir et puis diriger comme la gauche quand ils le sont ». Certes mais il faut faire confiance à l'ambitieux Wauquiez pour s'attacher à répondre à cette critique. Il est bien décidé à rompre avec « les petits renoncements » comme il le dit lui-même. Lui et celles et ceux qui le suivent sont convaincus  qu'il leur est possible de profiter des difficultés de Marine Le Pen qui ouvre une nouvelle étape dans la lutte pour le leadership de la droite extrême. Et peut-être que Wauquiez n'est pas aussi stupide et seul qu'il paraît.  Au final, pour le monde du travail et la jeunesse, la question n'est pas de savoir qui conquerra ce leadership, mais la menace que représente l'évolution politique et la progression des forces réactionnaires. Wauquiez est aussi dangereux que Le Pen. Macron n'était pas un rempart, il leur prépare le terrain social et politique.

Yvan Lemaitre