Publié le Jeudi 24 juin 2010 à 14h13.

Woerth démission !

Les écoutes pirates des conversations de Liliane Bettencourt réalisées entre mai 2009 et mai 2010 jettent une lumière plus que trouble sur les rapports entre l’héritière de l’Oréal, à la tête de 11 milliards d’euros, et Florence Woerth, femme du ministre à la double casquette : Budget et trésorier de l’UMP. Malgré les dénégations d’Éric Woerth, les révélations via le site Médiapart sont suffisamment précises pour qu’il annonce la démission de sa femme de son poste dans la holding Clymène gérant la fortune de Liliane Bettencourt et que cette dernière indique, dans le même temps, qu’elle va rapatrier ses avoirs actuellement à l’étranger. Ce qui semble incontestable, ce sont les placements et les biens non déclarés au fisc de Liliane Bettencourt, à savoir une île aux Seychelles, une fondation au Liechtenstein, des comptes en Suisse puis à Singapour.Ce qui semble incontestable, ce sont les chèques signés en mars 2010 en faveur de Valérie Pécresse, candidate aux régionales, d’Éric Woerth et de Nicolas Sarkozy. Ce qui semble incontestable, c’est la proximité entre Liliane Bettencourt et l’UMP, ce qui expliquerait les interventions de l’Elysée dans les démêlés judiciaires de l’héritière avec sa fille.Comment peut-on penser un instant que Florence Woerth, collaboratrice depuis 2007 de Clymène et qu’Éric Woerth, ministre du Budget, n’étaient pas au courant des placements non déclarés de Liliane Bettencourt ? Il doit y avoir de façon urgente une investigation par les services compétents du ministère des Finances, une enquête publique par un juge indépendant. Après Brice Hortefeux, condamné en première instance pour des propos racistes, c’est Éric Woerth dont le nom se retrouve mêlé à des affaires liées à de la fraude fiscale. En période de crise du système capitaliste, de politique d’austérité, de réformes antisociales, ces scandales illustrent bien la coupure entre un gouvernement qui flatte la xénophobie, gère au profit des classes privilégiées alors que la population doit se serrer la ceinture. La question de la démission d’Éric Woerth est posée.Michel Gautier