Il aura donc fallu 51 jours à Macron pour nommer un Premier ministre. Un record. À l’heure où nous écrivons ces lignes, Michel Barnier n’a, cinq jours plus tard, toujours pas formé son gouvernement. Inédit. Macron et ses alliés auront-ils nommé un gouvernement à Noël ?
On ironise… et à bon droit. Car, comme l’a dit Dominique de Villepin sur LCI le 9 septembre, « nous sommes aujourd’hui dans une situation inouïe sur le plan de la démocratie ». Les manifestants du 7 septembre n’ont pas attendu l’ancien Premier ministre pour se mobiliser, reprendre des forces ensemble et bagarrer contre ce déni de démocratie, elle-même déjà si limitée par les institutions de la 5e République.
La macronie continue d’avancer. Un peu comme un canard sans tête. La crise de régime que Macron a lui-même provoquée en n’acceptant pas le résultat des élections ne saurait manquer de se poursuivre… À son tour, Michel Barnier consulte… à droite, après avoir été adoubé par l’extrême droite. Macron, président solitaire, s’enferme dans le tête-à-tête avec le RN, refusant de penser autrement la société. Il ne fait que renforcer la place du RN et donc des obsessions qui lui tiennent lieu de programme. On est prévenu : le RN ne censurera pas un gouvernement qui mettra la « question de l’immigration et de la sécurité » au centre de sa politique.
Vers toujours plus d’autoritarisme
La crise de régime des classes dominantes ne va pas les empêcher de mettre en œuvre une politique aggravée de casse sociale, de chasse aux immigréEs, de mesures racistes et islamophobes, d’autoritarisme. Déjà sur la question du prochain budget les nuages s’accumulent (voir page 6) puisque le déficit, qui pourrait représenter 5,6 % du PIB au moins en 2024, s’aggrave sans que le ministre démissionnaire Bruno Le Maire s’en explique. Mais il prévient son successeur que la tâche sera rude et l’engage à poursuivre en ce sens, alors même que c’est cette politique qui a été rejetée dans les urnes, et en 2023 dans les rues.
Les classes dominantes pourraient demain aller vers des postures encore plus autoritaires, en utilisant simplement les institutions. C’est pour cette raison que nous devons d’abord faire confiance à celles et ceux qui se sont mobilisés pour faire vivre la campagne du Nouveau Front populaire, pour la poursuivre.
Une course de vitesse
Toutes celles et ceux qui se sont engagéEs dans la volonté de faire barrage à l’extrême droite et sa politique et qui ont voulu exprimer l’urgence d’une rupture avec toutes les politiques libérales de casse des conquis sociaux doivent prendre la mesure de l’urgence à imposer l’agenda des besoins sociaux. Et seules les mobilisations sociales et politiques sont en capacité de le faire.
Nos revendications d’urgence sont claires : l’augmentation générale des salaires à commencer par le SMIC, la réparation et l’extension des services publics pour protéger les besoins vitaux des êtres humains et de la nature sont des urgences. Il faudra imposer dans les grèves, les manifestations, le blocage du pays s’il le faut.
Une course de vitesse est engagée avec le gouvernement démissionnaire et le gouvernement pour l’instant fantôme de Barnier. Nous n’attendons rien des motions de censure, des destitutions hypothétiques. Nous savons que pour faire vivre la démocratie et obtenir satisfaction, il nous faut un mouvement d’ensemble, puissant, plus qu’il ne l’a jamais été.
La responsabilité du NFP est de réunir toutes les organisations politiques, syndicales, associatives qui se sont engagées dans la campagne électorale, pour préparer ces mobilisations et les faire vivre dans les lieux de travail, d’études et les quartiers avec des comités locaux du NFP.
Les manifestations du 7 septembre (voir page 6) ont été une première étape pour prévenir Macron et Barnier qu’avec ou sans gouvernement la censure de leur politique se prépare dans la rue. Continuons !
Fabienne Dolet