22 ans après les premiers dépôts de plaintes, la Cour de cassation annule définitivement les mises en examen pour homicides et blessures involontaires dans le dossier des expositions à l’amiante concernant les chantiers navals de la Normed et de l’université de Jussieu.
Cette décision tombe après plusieurs autres, concernant la plupart des dossiers amiante constitués dans la période de mobilisation qui a conduit à l’interdiction de l’amiante en 1997.
Cette information a été reléguée en entrefilets dans beaucoup de médias, excepté le Monde et Mediapart. Pourtant, elle concerne chacune et chacun d’entre nous. Pourquoi ? Parce que l’argumentation qui a conduit à cet enterrement judiciaire de 100 000 victimes de l’amiante en France est extraordinaire : l’amiante étant un cancérogène aux effets complexes, il ne serait pas possible de dater précisément le moment où l’exposition est responsable de la maladie ni des décès survenus des années plus tard… et donc de déterminer les responsabilités pénales de quiconque !
Impunité
L’amiante tue tous les jours. Mais bien d’autres substances menacent nos vies. Une certaine justice prépare aujourd’hui l’impunité de ces patrons.
En effet, de nombreux cancérogènes avérés ont été ou sont présents dans les sites industriels, la construction, mais aussi au contact quotidien des usagerEs et personnelEs dans les immeubles de bureau, les hôpitaux, les logements, les établissements scolaires.
D’autres toxiques pour la reproduction et mutagènes sont répandus dans les plastiques, l’agriculture et infectent nos produits de consommation de tous les jours.
De nouveaux champs se sont ouverts aux multinationales de la chimie et de la santé animale et humaine. Les révélations récentes du Consortium international des journalistes d’investigation a démontré la totale prise de contrôle des industriels sur les institutions concernant les implants médicaux, dont la nécessité, la durabilité, la sécurité et la traçabilité sont sujettes à caution.
L’association Générations futures a mis en lumière la présence dans les corps humains de quantités de plus en plus importantes de métaux lourds, glyphosate, phtalates et autres cancérogènes, etc.
L’explosion des cancers, qui frappe de plus en plus la jeunesse, serait-elle le prix à payer de la croissance et l’emploi ? Partout, ensemble, proclamons : « Nos vies, pas leurs profits ! »
Lionel Denis