Publié le Mardi 7 avril 2020 à 14h29.

CHRU de Nancy : une provocation et un avertissement

Lors de son point presse du vendredi 3 avril, le directeur de l’Agence régionale de la santé du Grand Est - une des régions du pays les plus touchées par la pandemie - a déclaré qu’il n’y a «pas de raison de remettre en cause le Copermo [Comité interministériel de performance et de la modernisation de l'offre de soins] pour le CHRU». Pour les non-initiés, cela veut dire qu'il n'est pour lui pas question de revenir sur les 598 suppressions de postes et 174 fermetures de lits prévus d'ici 2025.

Une déclaration qui en dit long sur le mépris à l'égard des soignants et soignantes qui jour et nuit prennent en charge les malades dans des conditions déplorables et sont contraints de s'exposer eux et elles-mêmes au virus pour sauver des vies. Ce dont témoignent les communications quotidiennes du syndicat CGT du CHRU, qui rendent publique la nature des échanges entre les organisations syndicales et la direction du CHRU : matériel de protection défectueux ou de mauvaise qualité, comme les lunettes et les surblouses, quand il ne manque pas tout simplement, charge de travail insupportable, nombre de patients qui seront transférés vers d'autres régions ou pays etc. Alors à juste titre, la déclaration du représentant du gouvernement dans la région en matière de santé a été prise pour ce qu'elle est : une véritable provocation.

Une provocation tellement évidente que la direction du CHRU elle-même a réagi par une lettre du président de son conseil de surveillance, Laurent Henart le maire pas franchement progressiste de Nancy, et le président de sa commission médicale d'établissement. Comme dans beaucoup d'hôpitaux, la direction en connait pourtant un rayon en terme de provocation puisque fin mars, dans un message aux personnels le directeur général Bertrand Dupont écrivait que les réorganisations de ces dernières années avaient «permis d'être préparés à la vague qui arrive»... Au moment même où il utilisait des étudiants et des étudiantes pour combler les manques d'effectifs, c'est-à-dire les postes supprimés.
 
 
 
Devant le tollé suscité, Olivier Veran le ministre de la Santé, a répondu aujourdhui sur Twitter : «L’heure viendra de tirer les enseignements de cette crise sans précédent et de refonder notre hôpital. Tous les plans de réorganisation sont évidemment suspendus à la grande consultation qui suivra», a-t-il assuré. Si la grande consultation est à l'image du grand débat pour répondre au mouvement des Gilets jaunes, cela n'augure évidemment rien de bon.
 
 

Cette provocation de l'ARS est aussi un avertissement : pour nos dirigeants, seuls comptent les profits et leurs plans d'économies sur notre dos, quelles qu'en soient les conséquences. Ils ne tireront aucune leçon de la crise sanitaire actuelle. Ils mettront en oeuvre après les politiques qu'ils mettaient en œuvre avant, celles-là mêmes qui ont mené à la catastrophe actuelle. À moins que par notre mobilisation, nous les en empêchions.