Publié le Mercredi 13 décembre 2017 à 18h03.

CHU de Pointe-à-Pitre : une catastrophe évitée de justesse

Un hôpital complètement évacué de ses 700 patientEs et 500 salariéEs pour cause d’incendie, c’est du jamais vu ! C’est pourtant ce qui s’est passé à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe le 28 novembre dernier. 

Un incendie s’est déclaré dans un local technique du CHU et a envahi l’ensemble du bâtiment de fumées toxiques. Les pompiers ont mis huit heures à maîtriser le sinistre. Aucun des équipements de protection incendie n’a fonctionné : ni l’alarme incendie, ni les extracteurs de fumée, ni les éléments coupe-feu qui normalement doivent séparer les différents services, évitant ainsi la propagation du feu. Un véritable scénario catastrophe qui s’est finalement soldé par un blessé grave. On a évité le pire.

Mensonges de la ministre

Les officiels se sont immédiatement précipités sur place, notamment la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Ils ont tous félicité le personnel pour sa discipline et son efficacité, ce qui est vrai, mais ont tous également évité de poser des questions sur la sécurité. La ministre a même eu le toupet de déclarer que tout avait parfaitement fonctionné, ce qui est une énorme contre-vérité. 

L’hôpital de Pointe-à-Pitre est d’une vétusté avérée, absolument pas aux normes et manquant cruellement d’entretien. La commission de sécurité incendie avait délivré un avis défavorable en juillet 2015. Au vu de l’incendie, les travaux d’entretien élémentaires n’ont de toute évidence pas été réalisés. Il est vrai qu’en Guadeloupe comme en métropole, les hôpitaux sont victimes d’une politique drastique d’économies budgétaires. Le CHU n’est pas non plus aux normes antisismiques dans une région où les tremblements de terre font partie du quotidien. Un nouvel hôpital a vu sa première pierre posée et devrait ouvrir, si tout va bien, dans… 5 ans !

Des patientEs ont été évacués vers Basse-Terre, capitale de l’île, dans un hôpital où il a été, un temps, question de fermer en partie la maternité, et vers une clinique privée, située à proximité du CHU, sur la commune de Baie Mahault. Or, quelques jours plus tard, une coupure d’eau est intervenue pendant toute une journée sur la commune, privant d’eau cette clinique de secours. Résultat : 80 opérations ont dû être annulées ! 

Un hôpital de campagne militaire a été déployé pour quelques semaines, mais d’une toute petite capacité par rapport aux besoins.

On s’en doute, l’inquiétude est vive dans la population quant à ses conditions de soins.

Régine Vinon