Publié le Mercredi 29 mai 2019 à 12h29.

Dans la santé, mettre en échec la mécanique Macron

L’exécutif voudrait que le mouvement des Gilets jaunes ne soit qu’un mauvais rêve, appartenant au passé. Il entend reprendre, au plus vite, les chantiers de destruction sociale engagés depuis le début du quinquennat, et veut même mettre les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu, entre autres et notamment dans le domaine de la Santé.

La loi Santé d’Agnès Buzyn, adoptée, à la sauvette, en première lecture, le 26 mars à l’Assemblée nationale, va être débattue au Sénat en 3 jours (!), du 3 au 6 juin.

Il y a urgence

Le gouvernement prévoit de faire adopter le texte définitif avant la période des congés pour une mise en œuvre immédiate. Il aura ainsi les mains libres pour réformer par ordonnance la « carte hospitalière », accélérer les fermetures de services d’urgences, de chirurgie et de maternité et poursuivre les restructurations au sein des « groupements hospitaliers de territoires ». 

Même s’il ne dispose pas d’une majorité au Sénat, le gouvernement ne semble guère s’inquiéter de « l’opposition » de celui-ci. Sur le fond, la majorité de droite partage en effet avec la Macronie les mêmes objectifs : réduire la place de l’hôpital, développer les alternatives libérales et privées censées « remplacer » les établissements de proximité et l’hôpital public.

Face à la colère montante dans les établissements hospitaliers, les EHPAD, en psychiatrie, les fédérations syndicales CGT, FO, Sud et CGC, qui avaient laissé passer sans la moindre réaction le débat de mars sur la loi Buzyn, ont appelé à une… « semaine d’action » du 27 au 31 mai. La CGT propose une journée de grève et de manifestations pour le 11 juin. Des réponses timorées et tardives face à l’urgence de la situation, bien loin des exigences de la situation.

AG des services d’urgences en grève

L’espoir de fédérer les luttes dans la santé vient en réalité plutôt de la mobilisation montante dans les services d’urgences.

Le 25 mai a eu lieu, à la Bourse du travail de Paris, la première assemblée générale des services d’urgences en grève. Cent vingt participantEs, y représentaient 65 services, dont Strasbourg, Toulouse, Lons-le-Saulnier, Mulhouse, Lille, Lyon, Bordeaux, Angers, Creil, Dieppe, AP-HP, Rennes, Valence... La question de l’extension aux 644 services d’accueil des urgences (SAU) est apparue essentsielle.

Une motion a été adoptée à une très large majorité. Elle reprend les revendications essentielles. 

– Augmentation des effectifs : le référentiel SAMU-Urgences de France est l’objectif de la négociation nationale avec le ministère ; – Recrutement de tous les contractuelEs, pour en finir avec la précarité ;– Arrêt des fermetures des SAU et maintien de leur ouverture 24/24 h. La réouverture des lits d’aval (les lits des autres services de l’hôpital vers lesquels sont orientés les patientEs admis aux urgences) et le maintien du capacitaire toute l’année ;– Salaires : augmentation de 75 points d’indice, équivalent à 300 euros net/mensuel.

Convergences en construction

Un comité national de grève composé de représentantEs des SAU, Paris et régions, ainsi que des trois syndicats impliqués, CGT, Sud et FO, a été mis en place, pour coordonner et obtenir l’ouverture de négociation avec la ministre. La date du 6 juin a été retenue pour une montée nationale au ministère. Un appel national sera rédigé en ce sens.

Une délégation du « Printemps de la psychiatrie » est venue apporter son soutien et appeler à la convergence des luttes de tous les secteurs de la santé.

Même si le chemin vers la convergence des luttes, et pour une mobilisation pour la défense de l’hôpital public et du droit à la santé, est encore long, un espoir est né, qu’il faut avec constance et détermination faire éclore.

J.C. Delavigne