Publié le Mercredi 30 mai 2018 à 10h25.

Grève de la faim au Centre hospitalier du Rouvray

Depuis le 22 mai, cinq puis six salariéEs de l’hôpital psychiatrique de Sotteville-lès-Rouen sont en grève de la faim, avec le soutien de la CGT, SUD, CFDT, CFTC. Ils dénoncent la suroccupation des lits, avec « des patients qui dorment parfois sur des lits de camp installés dans les bureaux, les salons de visite ou encore sur des chaises […] des patients mineurs en danger lorsqu’ils sont accueillis en service adulte » faute de place. 

Les dispositifs de soins hors hôpital, les hôpitaux de jour ou les centres médico-psychologiques, qui permettraient d’éviter les hospitalisations, s’étiolent faute de moyens. Les patientEs sont en danger, les personnels épuisés, comme le prouve le doublement des arrêts de travail l’an passé. Les personnels ont chiffré les besoins. Il manque 197 postes et l’ouverture immédiate d’une unité pour adolescentEs pour bien remplir leur mission de soin.

Les effets désastreux de l’austérité

L’Agence régionale de santé (ARS) et la direction méprisent les mobilisations du personnel : vingt-huit jours de grève, occupation de l’ARS, manifestation à Paris… Ils portent seuls la lourde responsabilité du recours à ce moyen de lutte extrême. Pire, ils sont aux abonnés absents, et jouent même la provocation en faisant passer devant les grévistes de la faim les chariots de repas !

Dimanche 27 mai, après avoir distribué des milliers de tracts dans toute l’agglomération rouennaise, 200 personnes se sont retrouvées autour des grévistes de la faim pour lancer un comité de soutien. Il a été décidé d’interpeller directement la ministre de la Santé et le président de la République. Allez-vous rester sourds à ces patientEs en danger, à ces personnels en colère et épuisés ? Pour faire percer leur combat au niveau national, des personnalités du monde médical, politique, des éluEs… ont été invités à venir mardi soutenir les grévistes de la faim. Partout, l’austérité imposée à l’hôpital public produit les mêmes effets : services engorgés, urgences saturées, Samu débordé, comme l’a démontré la mort de Naomi Musenga. L’industrialisation et la standardisation du soin fait perdre son humanité à l’hôpital. La lutte du Centre hospitalier du Rouvray est celle de toute la psychiatrie, de tous les hôpitaux. Mais aussi de toutes celles et tous ceux qui veulent défendre le droit à la santé. La mobilisation de l’ensemble du monde hospitalier, coordonnant les luttes qui se sont multipliées dans les établissements de santé et les EHPAD, la création d’un grand mouvement de solidarité pour le droit à la santé : voilà les seuls moyens de mettre en échec un pouvoir politique, pour lequel la santé de touTEs passe après une austérité au service des plus riches.

Frank Cantaloup

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