Publié le Mercredi 27 janvier 2021 à 11h41.

La psychiatrie, éternel enfant pauvre de la santé

Nous publions des extraits d’un communiqué (25 janvier) conjoint du Collectif inter-urgences et du Printemps de la psychiatrie.

Depuis le début de cette crise sanitaire, on ne compte plus les situations de détresse liées au climat anxiogène qui règne, aux incertitudes économiques, et aux obligations de s’adapter aux mesures restrictives. Ce cocktail a mis en évidence une recrudescence des troubles psychiatriques et de leurs décompensations dans notre pays.

Or, le système de santé français actuel n’est pas armé pour y faire face. […] La hausse des appels de détresse dans les centres de régulation du 15, le manque de capacitaire en secteur spécialisé et les difficultés de suivi en ville pour ces patients les conduisent à consulter dans les services d’urgences déjà en tension. La psychiatrie de secteur n’a plus les moyens d’accueillir dans ses structures de premier recours, les centres médico-psychologiques, les patients qui le nécessitent.

Ces patients peuvent attendre longtemps aux urgences, dans des conditions inadaptées, sont reçus par des personnels souvent débordés et pas forcément formés à l’accueil psychiatrique. Ce faisant, cela produit des tensions et parfois des violences, engendrant une majoration des contentions physiques ou chimiques, qui constituent une maltraitance aussi bien pour les patients que pour les soignants qui se retrouvent démunis dans ces situations.

Dans l’attente du rétablissement de la politique de secteur, en fonction des situations locales, la présence d’équipes psychiatriques aux urgences permettrait un meilleur accueil de ces patients, un moindre recours à la contention mécanique et à la sédation chimique, ainsi qu’une diminution des hospitalisations sans consentement, notamment les soins psychiatriques en péril imminent (SPPI).

Les équipes généralistes doivent par ailleurs être renforcées et mieux formées. Des aménagements des locaux doivent favoriser un accueil et une attente dans des conditions décentes. Enfin, l’évolution vers le 100 % sécu sans reste à charge doit permettre que l’essentiel des soins soient faits hors urgences.

La crise liée à la pandémie de la Covid-19 aura incité à se « concentrer » sur les plus fragiles et les plus dépendants d’entre nous, oubliant les victimes collatérales de ces mesures sanitaires restrictives. Actifs en situation précaire, jeunes contraints à l’isolement… Les épisodes récurrents de suicide dans ces populations sont extrêmement préoccupants. […]