Depuis le mercredi 22 novembre, les trois quarts du personnel de la réanimation de l’hôpital Tenon, à Paris (20e) sont en grève pour revendiquer plus de moyens, de formation et une augmentation de salaires dans un service en crise.
Avec la crise du Covid-19, il y a eu une sur-sollicitation des services de réanimation, le nombre de lits a dû être parfois doublé, plusieurs personnels ont été réquisitionnéEs et forméEs « à la va-vite » pour être prêtEs rapidement et combler les besoins. Malgré tout, les services de réanimation se sont retrouvés au centre d’une attention médiatique leur assurant un soutien politique et matériel pendant un temps, ce qui a finalement permis de tenir en dépit de l’afflux de patientEs et des conditions de travail dégradées.
Changer les conditions de travail
Depuis cette situation de crise, les services de réanimation ont dû, tant bien que mal, revenir à la « normale ». Mais qu’est-ce que la normale dans ce cas ? C’est d’abord la démission de nombreuxEs professionnelEs, épuisés par la période covid. Ainsi à l’hôpital Tenon, presque une dizaine de professionnelles ont dû être embauchées à peine sorties de l’école infirmière. Formées durant un mois, elles ont dû apprendre une grosse partie de ce métier sur le tas, malgré la grande technicité que demande le travail en réanimation avec des patientEs appareillés. Ce sont ensuite les postes non comblés, les absences non remplacées et les demandes d’heures supplémentaires quasiment chaque semaine, pesant encore sur le personnel. Lorsque ces heures ne sont pas prises, c’est pour les infirmières comme pour les aides-soignantes une charge de travail qui augmente, les mettant, elles et leurs patientEs, en danger. Et il faut être clair, il ne s’agit pas seulement d’un « manque de soignantes » si les soignantes ne se dirigent pas vers la réanimation, ou bien si elles n’y restent pas après y avoir travaillé, c’est qu’il y a nécessité pour le service d’être plus attractif en matière de conditions et de charge de travail.
Non aux 60 heures de travail par semaine !
Alors c’est la grève ! Pour celles de l’hôpital Tenon, il n’est plus question de travailler dans des conditions dangereuses. Elles demandent le respect du ratio unE IDE (infirmière diplômée d’État) – unE AS (aide-soignante) pour 4 patientEs (prévu par les textes !), l’embauche d’unE logisticienE et d’unE ASH (agent de service hospitalier) supplémentaire, le remplacement des absences et une meilleure formation des professionnelEs. Mais elles demandent aussi le respect de 48 heures de travail sur 7 jours glissants, car avec le système de 12 heures, les soignantEs peuvent se retrouver à faire 60 heures sur certaines semaines.
À l’approche des JO la tension va être à son comble sur les services d’urgences et les réanimations, alors même que ces services sont déjà saturés et les professionnelEs épuiséEs. Comment le gouvernement compte faire pour demander toujours plus aux professionnelEs de santé avec un budget réduit ? La grève de la réanimation doit nous inspirer et nous aider à construire dans tous nos secteurs un mouvement de lutte pour des meilleures conditions de travail !