Publié le Vendredi 13 juillet 2012 à 16h40.

Le droit à la santé menacé

170 salariéEs et des milliers d’usagerEs seront pénaliséEs par la fermeture de la clinique CMC de Vinci .La clinique CMC de Vinci (Paris 11e) était un établissement de santé privé conventionné. Le service de gynécologie obstétrique accueillait environ 1 800 accouchements et 38 000 consultations par an. Sa fermeture jette à la rue 170 salariés et porte un nouveau coup à l’accès aux soins de la population du quartier, en particulier les femmes. En effet, elle se produit peu après celle de la maternité de Saint-Antoine (Paris 12e, 2 500 accouchements par an). Rachetée par un groupe investissant dans la santé pour faire de l’argent sans y être spécialisé, l’établissement a été de plus en plus mal géré. Les élus au CE, voyant la clinique mise en péril, ont utilisé leur droit d’alerte dès 2009. Mais le directeur a mené une campagne de dénigrement du syndicat (FO), l’accusant de mettre en danger la pérennité de l’établissement. La situation s’est détériorée et la clinique a été placée en redressement, puis en liquidation judiciaire. Le propriétaire de l’immeuble loué à la clinique, une société dépendant du groupe Bru-Magnier, considéré comme la 173e fortune de France, a profité des retards de loyer pour obtenir l’annulation du bail, semblant vouloir récupérer son bien pour faire une juteuse opération immobilière. C’est alors que la mobilisation s’est enclenchée sous l’impulsion des délégués syndicaux et élus au CE. La mairie du 11e arrondissement, puis le conseil de Paris, ont adopté un vœu de modification du plan local d’urbanisme afin contraindre le bailleur à un usage d’intérêt public. La mobilisation était difficile, car une grève dans l’établissement n’aurait en rien permis de faire pression sur le bailleur. Une pétition a été lancée en direction des habitants du quartier, recueillant des milliers de signatures. Des sit-in ont été organisés le midi devant la clinique. Les délégués ont été jusqu’à occuper symboliquement pendant une demi-heure la résidence du bailleur dans le 16e arrondissement. Mais celui-ci a refusé de conclure un bail avec le repreneur, jugeant ses garanties insuffisantes. Bien qu’il dispose de tous les pouvoirs (gouvernement, Parlement, région, mairie), le PS a laissé faire. Car, selon lui, on ne peut pas empêcher le propriétaire d’utiliser son bien comme il veut. Le Front de Gauche, qui fait partie de la majorité régionale et municipale et n’est pas dans l’opposition au gouvernement Hollande-Ayrault, n’a guère proposé mieux. Visiblement, le changement, ce n’est pas maintenant ! Pour nous, le droit des salariés à garder leur emploi et celui de la population à avoir accès aux soins passe avant le droit du propriétaire privé : expropriation sans indemnités ni rachat des propriétaires qui prétendent fermer ou licencier ! De même, cette lutte illustre pourquoi il faut arracher la santé des mains des groupes privés et faire fonctionner ces structures sous le contrôle des salariés : leurs représentants s’étaient montrés plus prévoyants que les prétendus experts patronaux. Pour un vrai changement, il faut s’attaquer à la propriété privée des moyens de production. Le NPA a proposé dès le mois de mars à l’ensemble des partis du mouvement ouvrier et aux syndicats d’organiser une marche nationale contre les licenciements à partir des boîtes en lutte. Face à l’avalanche de plans de licenciements et de fermeture d’entreprise, cette proposition est plus que jamais d’actualité.