La plupart des candidats mettent en valeur quelques promesses, comme le remboursement à 100 % des lunettes des enfants, afin de masquer la nature rétrograde de leurs programmes.
Ainsi, Marine Le Pen reprend les arguments et revendications des syndicats et partis à gauche du PS. Mais quant il s’agit d’expliquer la difficulté d’accès aux soins et la souffrance du personnel des hôpitaux, elle retrouve le discours habituel de l’extrême droite en désignant des boucs émissaires : « les vagues d’immigration qui submergent les services hospitaliers »...
Fillon n’annonce plus ouvertement la privatisation du « petit risque », mais il ne renonce à rien : il veut assécher les caisses de la Sécu en réalisant « à minima 20 milliards d’économie», et créer une « agence de garantie de la couverture solidaire », pour « un nouveau partenariat » entre la Sécu et les organismes complémentaires. Et il revendique avec Le Pen la suppression de l’Aide médicale d’État !
Macron veut « encourager la concurrence entre les complémentaires » : il préconise la suppression des cotisations maladie remplacées par la CSG, sans exclure un financement par la TVA, et il envisage que « l’État plutôt que les partenaires sociaux soit le garant de cette protection ». C’est fiscaliser et étatiser la Sécu pour en saper ses fondements !
Hamon prétend mener une politique de santé écologique... en prenant des mesures qui risquent fort de rester dans le domaine du symbolique. D’ailleurs, il l’avoue lui-même à propos de la prise en charge de l’activité physique : « l’enjeu est que la Sécurité sociale fasse un geste même symbolique » ! Ainsi il veut : « une approche rigoureuse sur les médicaments qui ont un bénéfice marginal », comprendre de nouveaux déremboursements ; « les réductions des cotisations sociales et le CICE conditionnés à une réorganisation du travail et du temps de travail », il maintient donc les milliards d’exonérations de cotisations et d’allègements d’impôts mais avec des conditions... illusoires ; « miser sur la prévention pour maintenir un objectif des dépenses d’assurance maladie qui sert à freiner l’augmentation naturelle des dépenses de santé à 2,3 % sur le quinquennat égal à 15 milliards d’euros d’économies », un baratin pour annoncer 15 milliards d’économies supplémentaires à l’hôpital ; « continuer à financer un certain nombre d’actes par la tarification à l’acte, mais en introduisant une notion de financement forfaitaire », le financement à l’activité sera modifié à la marge.
Pour des propositions « radicales »
Mélenchon rejoint les propositions avancées depuis sa création par le NPA : le remboursement intégral des soins à 100 %, la multiplication des centres de santé pour lutter contre les déserts médicaux et permettre l’accès aux soins, de l’embauche dans les hôpitaux et la suppression de la tarification à l’activité.
Par contre, sa proposition d’un « pôle public du médicament » ne permet pas de s’opposer efficacement aux laboratoires pharmaceutiques qui réalisent des milliards de profits sur le dos des malades, alors que le NPA et son candidat Philippe Poutou revendiquent l’expropriation de l’industrie pharmaceutique.
De plus, le NPA est en total désaccord avec le programme de la France Insoumise qui, comme Hamon et Fillon, se prononce pour la « transformation de la CSG et de l’impôt sur le revenu actuel en un nouvel impôt citoyen sur les revenus, garantissant les recettes de la Sécurité sociale et de l’État ». Ce serait une grande victoire du patronat qui, depuis la création de la Sécu, veut détruire le salaire socialisé (les cotisations sociales), accusées d’être des « charges » insupportables car elles amputent son profit beaucoup plus que l’impôt.
Pour le NPA, le droit à la santé doit être assuré à toutes et tous sans exclusive : la Sécu doit rembourser tous les soins et actes médicaux à 100 % sans forfait ni franchise. Les dépassements d’honoraires doivent être interdits, les actes et soins des professionnels de santé rémunérés doivent l’être à leur juste valeur et le paiement à l’acte doit être aboli. Aucune avance des frais ne doit être exigée, le tiers payant doit être généralisé à tous les professionnels et établissements de santé.
Mais pour être en bonne santé, se soigner n’est pas suffisant, il faut aussi agir sur les différents facteurs de dégradation de la santé : les conditions de travail, l’environnement, la nutrition, le logement. La Sécu doit donc avoir les moyens de réellement prendre en charge la prévention, l’éducation à la santé, la rééducation...
S. Bernard