Publié le Lundi 17 mars 2014 à 07h00.

Santé privée : les élèves infirmiers ne seront pas les sacrifiés !

La fédération de l’hospitalisation privé (FHP), qui représente les cliniques et établissements privés de santé, conteste depuis le vote de la loi de financement de la sécurité sociale 2014 les tarifs de remboursement des actes de soins...

Les établissements privés voient en effet leurs actes moins bien rémunérés (de 0,24 %) par la Sécurité sociale que le public. Cela vise à compenser le cadeau du gouvernement aux entreprises qu’est le CICE (Crédit d’impôt compétitivité emploi) qui permet une exonération d’impôts pour les entreprises comme pour les cliniques.La FHP entend également « entrer en résistance » contre la dégression tarifaire. La dégression tarifaire a été mise en place par le gouvernement suite aux effets négatifs de la tarification à l’acte (la « T2A »). En effet, la T2A a conduit les cliniques à se spécialiser dans des actes de soins afin d’en réaliser un maximum pour engranger le plus de profits possible. Cela conduit même certains, davantage gestionnaires que soignants, à prescrire des soins bien rentables sans nécessité médicale... Ainsi, cette dégression des tarifs vise à réduire le remboursement de la Sécurité sociale aux cliniques en fonction du nombre d’actes de soins. Plus leur nombre est important, moins la rémunération de l’acte pour la clinique l’est.

Recherche stage désespérément Les représentants patronaux des cliniques via la FHP, non contents de profiter déjà d’un nouveau crédit d’impôt, entrent donc en mobilisation contre le gouvernement. Mais pour se mobiliser, ils ont choisi de suspendre la prise en charge des stages des étudiants infirmiers à compter du 1er mars. Les étudiantEs infirmierEs se retrouvent donc exclus de leur stage par les cliniques. Ils ont pu pour une grande majorité être reclassés dans le public mais à quel prix pédagogique ? En effet, les services étant déjà surchargés de travail, multiplier le nombre d’étudiants à encadrer va réduire leur prise en charge.Cette suspension des stages a provoqué la colère des étudiants infirmiers. Tout d’abord avec la peur de n’avoir aucun stage qui sont pourtant obligatoire dans le cursus en soins infirmiers. La surcharge de stagiaire dans les services ne satisfait pas les étudiants. Cela s’ajoute à des conditions d’étude déjà difficile. Il faut rappeler que les étudiants en soins infirmiers ne sont pas concernés par la gratification des stages. Leur indemnité de stage est égale à 66 centimes de l’heure... De même, ils sont exclus de fait des services étudiants habituels tels que les tarifs étudiants (CROUS) dans les restaurants hospitaliers. Cette mobilisation exprime donc un ras-le-bol plus général que la seule question des stages. Une première date appelée par la FNESI (fédération nationale des étudiants en soins infirmiers) a eu lieu le mardi 4 mars et a rassemblé plus de 10 000 étudiants. Une nouvelle manifestation a lieu le jeudi 13 mars à Paris.Les étudiants en soins infirmiers n’ont pas de tradition particulière de lutte. Leur mobilisation s’est lancée en partie spontanément et en partie par la FNESI. Pour qu’elle s’inscrive dans la durée, ils devront se doter de cadres d’auto-organisation, comme des assemblées générales où ils pourront établir leurs revendications et décider eux-mêmes de l’organisation de leur lutte. Ainsi, un des objectifs est de dépasser la simple question du chantage aux stages pour comprendre que l’enjeu est aussi la défense du service public hospitalier.

Correspondant