Le 9 mai, en prenant la tête de la manifestation parisienne contre la casse de la fonction publique programmée par le gouvernement, les grévistes des services d’accueil des urgences de l’AP-HP ont été rejoints par des collègues de la psychiatrie, qui bataillent depuis bien plus longtemps contre la transformation profonde de celle-ci au cours des dernières années. Politiques d’enfermement et de contrôle social généralisé s’opposent aux revendications des personnels, confrontés au traitement inhumain des personnes à soigner.
Les salariéEs du travail social aussi étaient présentEs, pour exprimer leur rejet de la privatisation et de la marchandisation de leur métier. Arrivé non loin du ministère de la Santé, sortant du parcours, le cortège s’est dirigé vers celui-ci mais a été rapidement stoppé par les forces de l’ordre. Bien évidemment, la ministre a refusé de recevoir une délégation. Les manifestantEs se sont promis de revenir et d’être beaucoup plus nombreuses et nombreux.
À ce jour, pour les urgences, sont acquis la revalorisation de l’indemnité pour travail dangereux à hauteur de 65 euros mensuels, une prime exceptionnelle de 250 euros net et l’augmentation des effectifs de 61 soignantEs, bien loin des 700 postes revendiqués au début du conflit comme le préconisait le référentiel de SAMU inter-urgences de France rejeté par le patron de l’AP-HP.
Course de vitesse
Alors que le mouvement s’élargit au niveau national, le Collectif inter-urgences s’est engagé dans un groupe de travail d’élaboration d’un référentiel avec la direction générale. Est-ce pour gagner du temps afin que le mouvement soit suffisamment étendu ? La grève en Île-de-France est engagée depuis 8 semaines alors qu’en régions, de nouveaux services rejoignent le mouvement. Les semaines à venir vont être cruciales car une course de vitesse est engagée face aux autorités sanitaires qui redoutent l’extension de cette mobilisation qui peine à se structurer nationalement. L’urgence est à une initiative nationale de tous les secteurs en lutte.
Surtout que les attaques pleuvent, notamment dans le secteur de la gériatrie, où l’AP-HP prévoit, d’ici 2024, de transformer 1 061 lits d’unité de soins de longue durée (USLD), structures sanitaires dans des établissements de santé, en lits dans des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) publics, maisons de retraite médicalisées. Sous le fallacieux prétexte que 38 % des patients d’USLD ne nécessiteraient pas de soins médicaux très importants, selon l’enquête de l’Agence régionale de santé (ARS). Cette dernière préconisait, en 2018, d’augmenter les lits d’USLD dans certains départements pour faire face au vieillissement ! Cherchez l’erreur !
Les gériatres réfractaires à cette réforme, ainsi que les syndicats Sud et la CGT, dénoncent la logique financière qui préside à cette orientation. Les familles redoutent une prise en charge non adaptée aux besoins de leurs proches, car les effectifs soignants sont trois fois moins nombreux, situation à l’origine de la récente lutte des personnels des Ehpad qui exigeaient qu’il y ait un soignant dédié à chaque résident. D’autant que les familles auront à assumer une charge financière supplémentaire.
Urgences, gériatrie, psychiatrie, travail social… L’heure est à la convergence des luttes pour mettre en échec ce gouvernement et défendre ensemble un autre projet de société.
CorrespondantEs