Nicolas Sarkozy a présenté le 4 avril son programme présidentiel : « l’effort » de réduction des dépenses publiques de 40 milliards affectera durement l’assurance maladie qui devra contribuer à hauteur de 13 milliards d’euros aux mesures d’économie. Autrement dit, il veut reproduire ce qui a été fait durant cinq ans... en pire ! Les conséquences concrètes de cette politique n’ont évidemment pas été exposées par l’actuel président, mais on les connaît : l’hôpital public déjà en piteux état aura ses moyens encore plus limités. La Sécu remboursera encore moins.
On a raison de ne plus vouloir de Sarko, mais que propose Hollande ? Le journal les Échos résume ainsi ce que l’on peut attendre de l’alternance en matière de santé : « Les programmes de Nicolas Sarkozy et François Hollande sont étonnamment proches ». L’interview dans Médiapart du 11 avril de Marisol Touraine, chargée au PS des questions de santé et Sécu, est explicite. Elle contient de belles formules sur la solidarité et la justice. Elle propose de « rétablir dans la loi la notion de service public hospitalier car les symboles ont leur importance ». Mais dès qu’il s’agit de définir des mesures concrètes, aucun engagement n’est pris. C’est logique car lorsque l’on se place dans le cadre « des contraintes financières […] la maîtrise des dépenses s’impose, le remboursement à 100 % n’est pas réaliste financièrement ». Et même la suppression des forfaits et franchises médicales ne peut être envisagée. Le financement des hôpitaux par la tarification à l’activité « ne sera pas le seul pris en compte mais ne sera pas arrêté ». Les fermetures partielles ou totales d’hôpitaux continueront car « les positions dogmatiques sont sans intérêt et sans avenir. Elle veut garantir l’accès à l’IVG partout, mais ne sait pas s’il faut rouvrir tous les centres fermés. » Celle qui est présentée souvent comme future ministre de la Santé est favorable au basculement du financement vers la CSG, un impôt, tout en donnant « raison aux organisations syndicales qui craignent la fiscalité ! »
Même si Sarkozy dégage, pour bénéficier d’un service public de santé et reconquérir la Sécu, il n’y aura donc pas d’autres solutions qu’une mobilisation d’ensemble, massive, déterminée et unitaire.
Christine Poupin, porte-parole du NPA, lors de son discours au rassemblement à Paris de Notre Santé en danger, le 14 avril, a souligné le caractère exemplaire de ce collectif. Il montre en effet que réaliser l’unité de nombreuses organisations sur une plateforme offensive est possible. Mais l’unité est aussi un combat : des organisations signataires du socle commun étaient absentes dans les rassemblements du 14 avril, notamment Lutte ouvrière et pour les syndicats, la FSU, la confédération CGT et les fédérations CGT de la santé et des organismes sociaux. Cela a contribué à ce que la mobilisation ait été limitée à quelques centaines de militants, notamment des représentants de plusieurs collectifs de défenses d’hôpitaux.
Stéphane Bernard