L’électricité est devenue un bien de plus en plus nécessaire. Aux besoins traditionnels se sont ajoutés ceux liés aux nouvelles technologies : numérique (la consommation d’énergie liée au numérique augmente de 9 % par an au niveau mondial, et avant tout dans les pays riches), véhicules électriques. De plus, la distribution d’électricité (comme les transports ferroviaires) nécessite un réseau d’infrastructures techniques important et desservant en permanence tout le territoire : on voit l’absurdité qu’il y aurait pour une entreprise autre qu’EDF à dupliquer le réseau français de lignes électriques pour battre EDF sur le terrain de l’acheminement de l’énergie électrique.
Pourtant, l’électricité n’échappe pas à la soif de déréglementation et de privatisation des néolibéraux en France et en Europe. Il y aurait certes beaucoup à dire sur le fonctionnement d’EDF, sur des choix industriels pris en petits comités qui ont fait de la France le « champion » du nucléaire malgré les risques et conduit à des gaspillages comme l’EPR de Flamanville. Il faudrait également ne pas oublier les conditions de travail des salariéEs d’EDF et surtout des sous-traitants.
Mais les réformes mises en œuvre depuis plus de 20 ans ne visent pas du tout à résoudre ces problèmes. Une directive européenne a imposé une mise en concurrence dans l’électricité en 1996. Cela s’est traduit par la filialisation de certaines activités, la transformation d’EDF en société de droit privé. Des concurrents privés sont progressivement apparus. Pour la plupart, ce sont des « fournisseurs » sans moyens de production, des espèces de traders ne faisant qu’acheter au producteur EDF (selon un mécanisme de prix qui les favorise au détriment d’EDF) pour revendre à leurs clients.
Aujourd’hui, sous le nom d’Hercule, se cache un projet, élaboré dans l’ombre, qui vise à finir de démanteler EDF. L’entreprise serait éclatée en deux ou trois pôles, eux-mêmes découpés en une multitude de filiales. Un des pôles serait largement ouvert aux capitaux privés ; il regrouperait notamment la commercialisation, la production solaire et éolienne, le réseau de distribution moyenne et basse tension. Les conséquences sont évidentes : disparition à terme des tarifs réglementés, confrontant tous les clientEs à la jungle du marché ; réseau de distribution potentiellement livré à des groupes totalement privés, abandon de toute volonté de développer des filières publiques dans les énergies renouvelables. En fait, il s’agit de livrer au privé tout ce qui est potentiellement rentable tout en laissant au public le nucléaire générateur de coûts importants.
Ni les travailleurEs d’EDF ni les usagerEs n’ont à y gagner. La réforme diviserait encore plus les salariéEs dans des structures multiples auxquelles le statut ne résisterait pas. Face à cela, trois journées nationales d’action ont déjà eu lieu avec des chiffres de participation importants. Il faudra encore frapper plus fort avec la solidarité des usagerEs pour enterrer Hercule.