Publié le Jeudi 5 avril 2018 à 11h56.

« Il y a de l’argent à se faire, notamment pour des grands groupes du BTP comme Vinci et Eiffage »

Entretien avec Alexis, opérateur de la voie ferrée à Juvisy.

En quoi consiste ton travail ? Comment est-il organisé ?

Je travaille à Juvisy dans une équipe de maintenance voies. C’est une équipe mobile, qui se déplace sur l’ensemble des voies de Paris sud-ouest. On s’occupe de la maintenance des voies : les rails, les traverses, le ballast, etc. On travaille quasiment exclusivement de nuit, en gros de 21 h 30 à 5 h 45. On rencontre pas mal de problèmes au niveau de l’organisation, avec des contrats de travaux prévus longtemps à l’avance mais qui peuvent changer au dernier moment, ou alors tout simplement des contacts qui ne sont pas avertis qu’on arrive : récemment, un dimanche soir, on arrive, on nous avait donné un numéro et quand on les a appelés ils nous ont dit qu’ils n’étaient pas au courant qu’on devait intervenir… C’est tout le problème de la mobilité : je suis dans une équipe mobile, amenée à faire du renfort de droite à gauche, et comme les choses sont de plus en plus mal organisées on arrive à des situations comme celles-là… 

Quels sont les risques pour ton métier si la réforme passe ? 

Dans l’immédiat, on ne sait pas trop. Mais ce qui risque de se passer, c’est le morcellement de certaines parties du réseau qui pourraient être revendues à des groupes privés, avec le risque que nos métiers de techniciens soient filialisés, avec des conditions de travail probablement dégradées. Déjà aujourd’hui il y a beaucoup de choses qui sont sous-traitées : 34 % de l’activité de SNCF réseaux est sous-traitée, avec un chiffre d’affaires multiplié par 4 pour le privé au cours des 10 dernières années. Donc il y a de l’argent à se faire, notamment pour des grands groupes du BTP comme Vinci et Eiffage. 

Comment se déroule la mobilisation ?

Le 22 mars, il y a un peu plus de 56 % de grévistes à l’équipement, ce qui est vraiment pas mal car l’équipement ce ne sont pas les gens les plus combatifs en général. On avait eu un combat local auparavant, ce qui a dû contribuer à mobiliser les gens. Le 3 avril, c’était grève et assemblée générale, avec la manif. Notre objectif c’est de fédérer un maximum de monde, et de voir comment populariser la grève chez les techniciens. On essaie de se coordonner avec les autres services, lors de la dernière AG il y avait des conducteurs, des aiguilleurs, etc. On essaie de se structurer ensemble pour que la grève prenne et s’étende le mieux possible.

Propos recueillis par Julien Salingue