Le procès intenté à Taser par Olivier Besancenot pour espionnage aura permis de révéler la nature inquiétante du fonctionnement des officines de détectives privés.Les officines ne pourraient travailler si elles ne reposaient sur un réseau de fonctionnaires en exercice, appelés « actifs », qui acceptent de fouiller des fichiers protégés en échange de renseignements. Ces « petites mains » ont décrit au tribunal une routine de travail très répandue dans leurs services.Ex-flics reconvertis…Échelon intermédiaire, le plus important, les détectives : anciens flics, intrigants tout droit sortis d'un vieil épisode de Columbo, anciens collègues ou amis des fonctionnaires informateurs, ils se font passer auprès d'eux pour huissiers de justice ou agents d'assurance. Afin de ne pas se salir les mains, Gérard Dussaucy, directeur du cabinet mandaté par Antoine Di Zazzo (le patron de Taser France) pour pister Besancenot, a expliqué déléguer à des sous-traitants le contact avec les « actifs », par éthique professionnelle paraît-il, étant lui-même ancien policier.Les factures entre intermédiaires – rédigées avec de faux intitulés qui jamais ne mentionnent la mission réelle – peuvent atteindre plusieurs milliers d'euros. On estime que Di Zazzo en a déboursé 20 000. Bien entendu, tout ce beau monde se couvre comme il peut. N'hésitant pas à charger leurs co-accusés, certains adoptent les stratégies de défense les plus farfelues : un pari qui a mal tourné, un disque dur qui crame opportunément, etc.Et affairisme opaqueAu sommet de la chaîne, Antoine Di Zazzo mériterait un article à lui tout seul. Homme d'affaires au passé mystérieux, on sait qu'il a présidé dans les années 1980 l'association « Chanteurs sans frontières » qui a sorti un disque pour l’Éthiopie. Lui affirme qu'il aurait aussi été directeur général chez Motorola ou Pathé Marconi. Rue89 décrit dans un article de 20081 un personnage en mal de reconnaissance sociale et médiatique. Revenant longuement à l'audience sur ses séjours en Algérie, au Gabon ou au Congo pour y former les polices locales, il a donné l'image d'un patron intimement lié aux réseaux françafricains, bien qu'il ait déclaré aux juges zéro euro de ressources.Devant la gravité des faits, le procureur a requis six mois de prison avec sursis et 10 000 euros d'amende contre Di Zazzo, huit mois dont six avec sursis, 10 000 euros d'amende et interdiction d'exercer pour les détectives, deux semaines à trois mois avec sursis pour les fonctionnaires et des amendes jusqu'à 1 500 euros.O. G.1. http://www.rue89.com/2008/10/19/antoine-di-zazzo-ou-letrange-parcours-du-m-taser-francais
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O.G.