Publié le Mercredi 4 mars 2020 à 17h02.

Retraites : La fonction publique déterminée et mobilisée !

Si les fonctionnaires et agentEs publics n’ont pas, à cette étape réussit à lancer un mouvement de grève reconductible (sauf à la Culture et à l’Éducation nationale), ils se sont fortement mobilisés et continuent à l’être.

Le 5 décembre a été une journée « historique » dans la fonction publique puisque même selon le Ministère de la fonction publique, 26 % des agentEs de la fonction publique étaient en grève dont 32,82 % à l’État, 13,76 % dans la territoriale et 18,9 % dans l’hospitalière. Certains secteurs, comme les Finances Publiques et le Ministère du travail ont frôlé ou dépassé les 40 % de grévistes et certains comme La Poste ont renoué avec des scores à deux chiffres.

Les autres journées de décembre ont elles aussi été très bien suivies. Depuis janvier, les taux de grève sont bien moindres mais les fonctionnaires ont multiplié des actions diverses, festives comme les dépôts d’outils devant Bercy, les préfectures ou leurs administrations ; les perturbations de vœux ou de « galettes ». 

Parmi les grandEs perdantEs 

Les agentEs ont compris dès le rapport Delevoye que cette réforme était désastreuse. Et pour cause. Passer d’un calcul sur les six derniers mois de salaire à l’ensemble de la carrière sera forcément extrêmement défavorable et entraînera une baisse des pensions et une véritable paupérisation.

Le système actuel est déjà très insuffisant. En effet, en 2018 la pension moyenne mensuelle était de 1 272 € dans la territoriale, de 1 549 € dans l’hospitalière et de 2 223 € dans la fonction publique d’État, avec un calcul sur la base des six derniers mois et un taux fixe et garanti de 75 % du traitement brut hors primes. Avec la réforme, les pensions de beaucoup de fonctionnaires de catégorie C glisseront sous le SMIC pour une carrière complète et avoisineront même le seuil de pauvreté. L’annonce de l’intégration des primes dans le calcul de la retraite ne permettra pas de compenser cela. Sans oublier que le gouvernement prévoit de maintenir le gel du point d’indice jusqu’en 2022. Évidemment les femmes seront les plus grandes perdantes. Déjà dans le système actuel, du fait de carrières hachées (congé parental, temps partiel…), elles sont plus nombreuses que les hommes à partir avec une décote dans les trois versants de la fonction publique (15,3 % à l’État, 7,4 % dans l’Hospitalier et 9,3 % dans la Territoriale), avec un taux moyen de décote de 11 % à 13 %. La réforme va encore dégrader cette situation, avec une décote de 5 % par année manquante, alors que « l’âge d’équilibre » sans décote est établi à 65 ans. Sans oublier que le gouvernement a annoncé son intention de supprimer la catégorie active qui permettait à certains comme les égoutiers, les sapeurs-pompiers ou les contrôleurs aériens, au vu de la pénibilité de leurs missions, de partir à la retraite vers 57 ans voire 52 ans pour les égoutiers (leur espérance de vie étant inférieure de 17 ans à la moyenne). Ils sont victimes d’une surmortalité liée à leur travail insalubre, au milieu des gaz mortels, des produits chimiques ou des rejets radioactifs d’hôpitaux. Mais de ça le gouvernement ne veut pas en entendre parler… 

Pas de trêve dans les attaques et les mobilisations

La fonction publique et les services publics sont une des cibles privilégiées des gouvernements de droite comme de gauche. Un certain nombre ont été privatisés comme La Poste, France Télécom, les services de l’eau, les lignes de cars privés en substitution aux lignes régionales SNCF fermées… Macron ne déroge pas à cette tendance, bien au contraire. En plus d’une véritable orientation idéologique individualiste vers une société où la solidarité et le collectif sont vilipendés, il s’agit également pour le gouvernement « d’alléger » la dépense publique (objectif - 60Mds €) en se délestant de missions de service public et de nombreux fonctionnaires. Tous les secteurs de la fonction publique sont attaqués frontalement par des restructurations, des suppressions d’emplois mais aussi par des réformes plus globales, comme la Loi de transformation de la fonction publique d’août 2019, qui détruisent les garanties collectives au profit de mesures individuelles mais aussi plus globalement de nombreuses missions. Face à ces nombreuses attaques, les agentEs se mobilisent fortement pour tenter de sauver le service public, et ce depuis de nombreux mois comme aux Finances Publiques, aux Douanes, au ministère du travail, dans les collectivités territoriales et évidemment dans la santé et l’Éducation nationale. À ce stade, la convergence des luttes n’a pas pu se faire comme on aurait pu le souhaiter. Mais cela ne veut pas dire que cela ne va pas arriver.

Gagner sur les retraites c’est gagner sur l’ensemble des attaques 

Depuis de nombreux mois, les fonctionnaires sont très mobilisés à la fois contre leurs attaques sectorielles ou contre la réforme des retraites. Les différentes luttes ne s’opposent pas. Bien au contraire, les restructurations sectorielles, la loi de transformation de la fonction publique et la réforme des retraites obéissent au même dogme ultralibéral. Ce sont bien deux projets de société qui s’opposent, celui d’une société solidaire contre celui du chacun pour soi. Mais de nombreuses difficultés doivent être dépassées, comme par exemple la hantise des grèves qui ne sont pas automatiquement majoritaires, la faible confiance en sa classe et son pouvoir d’arracher des victoires. 

Pour arriver à faire reculer le gouvernement, fragilisé, la réponse est encore et toujours dans la rue ! Une nouvelle journée de grève et de manifestation aura lieu le 31 mars, c’est un temps que nous devons utiliser pour construire dans tous les secteurs, la grève reconductible. Le rejet de la réforme est majoritaire dans la population et chez les fonctionnaires. Le mouvement social doit avoir la force de porter une voix politique face à Macron, unir les exploitéEs dans le rejet de cette contre-réforme au-delà des divisions sociales, lever une vague de mobilisation, de grève assez puissante pour faire céder Macron. Faire reculer le gouvernement sur cette réforme, permettra de redonner confiance à une majorité de salariéEs du privé comme du public pour arracher de nouveaux droits et stopper les destructions en cours.