Publié le Mercredi 24 juin 2009 à 12h43.

Sécurité sociale : nouvelle attaque 

Le 16 juin, le ministre du Travail, Brice Hortefeux, relançait le débat sur l’âge légal du départ en retraite et préconisait son relèvement à 67 ans, à l’image d’autres pays européens. Il recevait immédiatement le soutien de François Fillon et de la présidente du Medef, Laurence Parisot.

Alors que la France compte plus de 10% de chômeurs, il faudrait imposer à ceux qui ont un emploi de continuer à s’épuiser au travail. Ils devraient continuer à occuper leur poste, alors que se multiplient les vagues de licenciements et de suppressions de postes pour des salariés de moins de 60 ans et que des millions de jeunes sont à la recherche d’un emploi.

Le 17 juin, la publication des prévisions pour 2009 des comptes de la Sécurité sociale enfonçait le clou. La commission des comptes de cet organisme annonce un doublement du « trou » de la Sécu cette année. Celui-ci passerait de 10 à 20 milliards d’euros toutes branches confondues (retraites, maladie, accidents de travail, famille), un niveau jamais atteint depuis 1945. Le ministre des Finances, Eric Woerth, en a lui même précisé les causes: « La multiplication par deux du déficit, c’est tout simplement la division par deux du volume des recettes, c’est parce que l’argent ne rentre pas, ce n’est pas parce que les dépenses progresseraient de manière incontrôlée. » C’est faute de rentrées suffisantes des cotisations sociales – cette part du salaire mise en commun pour financer les retraites, la soins ou les allocations familiales – que la Sécurité sociale est en « déficit ». Ce manque de recettes n’a rien de mystérieux : il s’appelle « plans de licenciements »,  « suppressions d’emplois dans la fonction publique », « blocage des salaires », et généralisation de l’emploi précaire accompagnée d’exonérations de cotisations sociales pour les employeurs (près de 31 milliards d’euros en 2009).

100000 suppressions d’emplois, c’est près de 1 milliard d’euros en moins pour la Sécu; une augmentation de 1% des salaires, ce sont 3 milliards d'euros de cotisations sociales en plus ! Pourtant, le ministre exclut d’avance toute idée de remise à niveau des cotisations .Pour la maladie, comme pour les retraites, ce gouvernement n’envisage qu’une chose : s’en prendre encore plus aux salariés, afin de diminuer les dépenses, dans l’attente de la « reprise » !

Deux mesures sont préconisées : le durcissement des contrôles et des sanctions pour les arrêts de travail jugés « abusifs », et un contrôle plus strict des transports sanitaires prescrits par les hôpitaux. Ces mesures, censées rapporter quelques millions d’euros là où on nous parle d’un « déficit » de 20 milliards d’euros, sont financièrement dérisoires. Mais elles annoncent de nouvelles ponctions et de nouvelles sanctions contre les salariés malades.

Une mesure expérimentée dans quelques départements risque d'être généralisée : les salariés dont les arrêts de travail sont jugés « abusifs » par un médecin envoyé par l’employeur pourraient voir supprimées leurs indemnités journalières de Sécurité sociale ! C’est la porte ouverte à la remise au travail systématique par des « médecins Medef » des salariés malades, alors même que la pression du chômage et des employeurs dissuade de nombreux salariés de se soigner comme ils le devraient.

L’autre « piste » de diminution des dépenses concernerait les prescriptions de transports sanitaires par les hôpitaux dont le volume augmente. Sur ce point, Eric Woerth, n’aura aucune difficulté à trouver les coupables, puisqu’ils siègent avec eux chaque semaine en Conseil des ministres. En fermant les hôpitaux de proximité, en regroupant les moyens sur des « plateaux techniques » éloignés, ils ont créé les conditions d’une explosion des dépenses de transport. La loi Bachelot va encore aggraver cette situation.

Ces annonces révèlent l’urgence et la cohérence d’une réponse anticapitaliste. En interdisant les licenciements, en diminuant le temps de travail pour favoriser les embauches, en augmentant les salaires de 300 euros pour tous, on assurerait en même temps la rentrée de cotisations sociales permettant de garantir à tous une retraite à taux plein à 60 ans, des soins financés à 100% par l’assurance maladie. Mais, à l’opposé des réponses gouvernementales, il faudrait pour cela s’en prendre aux profits et imposer une autre répartition des richesses.