Depuis maintenant plus de trois semaines, une vingtaine de facteurEs de Tulle sont en grève contre une énième réorganisation de la distribution.
Le mouvement illustre à quel point les conflits à La Poste s’inscrivent de plus en plus dans la durée. Car sans parler des quinze mois de conflit dans le 92, il est remarquable de constater que de Castanet-Tolosan à Miélan en passant par Montauban, les postierEs sont en butte à des méthodes patronales de plus en plus agressives qui poussent au bras de fer dans la durée.
« Les suppressions d’emplois ne sont pas négociables »
À Tulle, tout a commencé par l’annonce de la suppression de 6 tournées (sur 45) et la mise en place d’une pause dite « méridienne » qui augmente l’amplitude horaire et oblige les facteurEs à faire une partie de leur service l’après-midi. Après avoir reçu des délégations contre la méridienne, la direction a reculé sur cette question, mais a proposé non plus 6 mais 8 suppressions de postes à la distribution… Dès lors, un préavis de grève a été déposé par Sud et la CGT à partir du 24 juin.
Interrompu après une semaine, le mouvement a repris le 8 juillet. Malgré un soutien massif des habitantEs et un déploiement tous azimuts, les grévistes ont rencontré plus d’élus que de cadres de l’entreprise… Même si le député LREM de Corrèze leur a conseillé de s’adapter aux nouvelles réalités du marché postal (!), il est remarquable que les directions locales et régionale de La Poste n’aient pas daigné dire autre chose que « les suppressions d’emplois ne sont pas négociables ». Pire, ces directions font intervenir des cadres sur le piquet de grève pour faire de la provocation. À des grévistes qui parlaient des suicides à France Télécom, un de ces sbires a déclaré : « Les salariés qui se sont suicidés, c’était leur choix ». Révélateur de l’esprit qui prévaut aujourd’hui dans les cercles dirigeants du groupe La Poste SA… La novlangue du « dialogue social » est en œuvre mais les méthodes sont à chercher dans le « vieux monde » du capitalisme.
À l’heure où ces lignes sont écrites, les grévistes travaillent à l’extension de leur mouvement à d’autres bureaux pour augmenter le rapport de forces.
Entre l’usage de groupes de casseurs de grève (les « task force » selon le vocabulaire postal), le mépris de toute expression discordante et l’usage systématique de la répression, les responsables de La Poste n’ont rien à envier aux patrons de France Télécom. La multiplication des mouvements de grève dépassant le mois sont de la responsabilité du groupe mais aussi, à n’en pas douter, le symptôme de la détermination croissante des postierEs. En cela, il y a des raisons d’être optimiste.
Erwan Piam