Publié le Vendredi 4 novembre 2011 à 10h39.

Un budget dicté par les agences de notation

Le budget 2012 a bel et bien été conçu pour satisfaire les exigences capitalistes.Le budget 2012 est en cours de discussion à l’Assemblée nationale. Pour la première fois, la charge de la dette, c’est-à-dire le montant des intérêts que l’État versera pour se financer, sera le premier poste budgétaire, devant l’Éducation : 48,77 milliards d’euros en 2012 !

Pour la première fois aussi, depuis 1945, le budget 2012 affichera une baisse des dépenses : suppressions de postes de fonctionnaires effectuées ces dernières années, réduction des budgets de fonctionnement (30 000 suppressions de postes de fonctionnaires de plus sont prévues). Tout ceci permet de mesurer l’ampleur des coups portés aux acquis sociaux dans les dernières années et de ceux qui sont projetés...

Pour Sarkozy, l’objectif prioritaire est de rassurer « les marchés », de tout faire pour conserver la fameuse note AAA. Il faudrait revenir au plus vite au respect des critères du traité de Maastricht, dont le fameux maximum de 3 % de déficit public. En 2012, il est donc prévu de réduire le déficit public à 4,5 % du PIB, contre 5,7 % en 2011. À ce rythme (d’ailleurs peu crédible) les fameux 3 % seraient atteints en 2013...

Comme les recettes existantes devraient baisser avec la récession en cours, cela signifie un cocktail de nouvelles taxes combinées à une accentuation de la politique de réduction des dépenses.

Une politique qui n’empêche pas que la dette continue de croître (87,4 % du PIB, après 85,5 % prévus pour 2011). Le grand gagnant des arbitrages budgétaires est le ministère de la Défense (+1,8 %) ; les sommes allouées aux opérations extérieures bondissent de 30 % ! Raison : 23 000 soldats français sont actuellement à l’étranger pour préserver les intérêts impérialistes français.

Du côté des « perdants », on ne sera pas surpris de trouver les comptes « sociaux ». L’Éducation est la grand perdante : 14 000 suppressions de postes y sont annoncées, la politique de démantèlement de l’enseignement public se poursuit.

Alors que le chômage vient de bondir de 1 %, la ligne emploi du budget baisse de 12 %... Les contrats aidés, les aides aux chômeurs en fin de droit sont visées. Tout ceci alors que le chômage est au plus haut depuis dix ans et que sa montée n’est pas près de s’arrêter !

La politique d’asphyxie financière des collectivités territoriales (gel des concours financiers de l’État) est reconduite, alors que nombre de ces administrations sont déjà dans une situation inextricable.

À juste titre, tous les observateurs ont insisté sur l’irréalité de l’hypothèse de base à partir de laquelle a été construit ce budget (1,75 % de croissance et les recettes qui vont avec). Lors de son allocution télévisée de jeudi dernier, Sarkozy a confirmé que la prévision de taux de croissance pour 2012 serait révisée à la baisse, pour passer à 1 %. En conséquence, l’État devra trouver « 6 à 8 milliards » de plus. Inutile de dire que c’est dans la poche des travailleurs que le gouvernement se prépare à les chercher.

Concrètement, le gouvernement annoncera un nouveau plan de rigueur aux alentours du 4 novembre. D’ores et déjà, un alourdissement de la TVA, impôt injuste par excellence, est « à l’étude ». La réduction des secours versés aux chômeurs serait aussi envisagée. Ce ne sont que les premières mesures d’une série d’attaques qui ne visent qu’à sauver les profits financiers contre les travailleurs et la population avec pour conséquence un approfondissement de la crise. Telle est la logique du capitalisme, une logique destructrice qu’il faut enrayer, d’urgence.

Pascal Morsu