Le 7 mars à Paris, la manifestation féministe de nuit a été durement réprimée par la police. En d’autres termes : des femmes manifestant contre les violences ont été victimes de violences policières. Tout un symbole, et des images qui ont fait le tour des réseaux sociaux et suscité une légitime indignation. Mais le pouvoir reste droit dans les bottes, à l’instar de Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes, qui a cru bon de justifier ces violences : « Le tracé de la manifestation n’aurait pas été respecté. » Autrement dit : « Elles l’ont bien cherché ».
La répression de la manifestation nocturne du 7 mars s’inscrit dans la continuité des atteintes violentes au droit de manifester, devenues la norme en Macronie. Faute de place, on ne pourra pas faire ici la liste des manifestations qui ont été le théâtre de violentes charges policières, gazages, tirs de LBD, nassages… avec leur lot de blesséEs, de mutiléEs, d’interpelléEs. Face à Macron, Castaner et compagnie, la liberté de manifester n’est déjà plus un droit à défendre, mais à reconquérir.
« Déchaînement furieux de la force publique »
La police frappe, la police blesse, la police tue. Les habitantEs des quartiers populaires le savent, confrontés depuis bien longtemps aux agissements de flics sans foi ni loi, couverts par leur hiérarchie, jamais condamnés par les tribunaux. C’est ce que souligne l’appel « Laissez-nous respirer », initié par des collectifs de familles de victimes de violences policières : « Ces brutalités permanentes étaient auparavant "réservées" aux habitants des quartiers populaires, comme le Mouvement de l’immigration et des banlieues le dénonçait il y a plus de vingt ans. Aujourd’hui, elles débordent dans les centres-villes. Et tous les témoins du déchaînement furieux de la force publique contre les mouvements sociaux peuvent désormais comprendre la violence d’État qui nous est imposée. »
Ces collectifs appellent à une grande mobilisation contre les violences policières, samedi 14 mars. Ils revendiquent notamment « l’interdiction totale de l’usage par les forces de l’ordre de toutes les techniques d’immobilisation susceptibles d’entraver les voies respiratoires, l’interdiction totale des armes de guerre en maintien de l’ordre (LBD, grenades GMD, GM2L et similaires), la création d’un organe public indépendant de la police et de la gendarmerie pour enquêter sur les plaintes déposées contre les agents des forces de l’ordre », et invitent l’ensemble de la gauche sociale et politique à se joindre à la mobilisation.
Le lendemain, dimanche 15 mars, à l’appel de 363 militantEs, artistes, chercheurEs, avocatEs, etc., se tiendra à Paris une « assemblée de riposte aux violences d’État » : « La prise de conscience s’est aiguisée dans des proportions considérables. On peut regretter qu’elle n’ait pas surgi bien avant, ou que nous n’ayons pas toujours lutté ensemble. Mais c’est le moment. En une année, la violence d’État a atteint une telle intensité que nous ne pouvons pas en rester aux constats, ni à l’égrenage des témoignages, ni même à l’analyse d’une situation. Il est urgent de passer à l’offensive collective. »
Des initiatives salutaires, auxquelles le NPA apporte évidemment tout son soutien. L’heure n’est plus aux atermoiements, mais bien à la construction d’une riposte unitaire et déterminée, associant l’ensemble des victimes des violences policières. Il en va de la sauvegarde et de la reconquête des libertés démocratiques les plus élémentaires, à l’heure où une nouvelle crise économique mondiale semble s’approcher, qui sera immanquablement accompagnée d’une volonté des gouvernants de franchir un cran supplémentaire dans l’autoritarisme.