Publié le Vendredi 1 juillet 2016 à 18h49.

5 juillet : pas de vacances pour la mobilisation contre la Loi travail

Au moment où le Premier ministre Manuel Valls et la Ministre du travail Myriam El Khomri rencontraient les organisations syndicales représentatives (CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT, FO et FSU) , Hollande fixait le cadre politique :  « la loi sera votée et promulguée dans les délais prévus ». « Je souhaite qu’une majorité puisse être trouvée. A défaut, il sera de nouveau recouru à l’article 49-3 ».

L'enjeu de cette dernière rencontre était de gagner une certaine neutralité de Force ouvrière pour ouvrir la possibilité de décrocher le vote de quelques « frondeurs ». Car sur l'ensemble des articles de la Loi travail, le gouvernement est bien décidé à ne rien changer d'important. 

Faux reculs

Les petites concessions concernent la confirmation que la branche serait le « niveau de négociation » sur six thèmes – " les salaires, les classifications, la formation professionnelle, la prévoyance, l'égalité professionnelle et la pénibilité ". Outre le flou de la formulation, cela pourrait prêter à rire au moment où le MEDEF annonce qu'il refuse de mettre en œuvre les décrets « pénibilité ». 

Pour FO il ne manquerait plus que l'emploi, les heures supplémentaires, le travail de nuit et le temps partiel ne relèvent plus des entreprises pour « sortir par le haut ».

La CGT de son coté avait fait des propositions lors de la précédente rencontre Martinez-El Khomri, très inquiétantes qui avait le double inconvénient d'entrer dans la logique des « concessions réciproques... équilibrées » et de la « refonte totale du code du travail » dans le cadre prévu par la Loi travail. 

Si rien n'a bougé du coté de l'article 2 la direction de la CGT juge « intéressantes » mais « insuffisantes »,l'ouverture d'une négociation pour définir avant le 31  décembre un " ordre public conventionnel " dans les branches et la saisine du Haut conseil du dialogue social sur la refonte du code du travail ont été jugées et le renforcement du rôle des branches.

Les violences de l'État

Dans le même temps le gouvernement poursuit une politique répressive sans précédent. Arrestations massives avant et pendant les manifestations, assignations à résidence, contrôles « préventifs », encagement des manifestations, gazages, matraquages, condamnations prennent toujours plus d'ampleur de Marseille à Lille et de Rennes à Paris. Mesures auxquelles vient s'ajouter la relaxe du chauffard de Vitrolles responsable de graves blessures de militantEs dans les Bouches-du-Rhône. Or pratiquement aucune prise de positions de l'intersyndicale ou de ses composantes ne dénoncent ces violences, cette politique de brutale répression.

Face aux tergiversations

La déclaration de l'intersyndicale du jeudi 30 juin, une nouvelle fois muette sur ces questions, appelle  « à poursuivre la mobilisation contre  ce  projet  de  loi,  sur  des  formes  à  déterminer  localement,  durant le  débat  parlementaire, notamment  le  5  juillet ». Le tout annoncé sous le titre « Le  souffle  ne  nous manque  pas  ! ». 

Une perspective bien en retrait alors que plusieurs fédérations, UD syndicats se sont déjà prononcés pour une nouvelle journée nationale de mobilisation pour le 5 juin. D'autant plus critiquable que le cadre politique fixé est celui de la votation citoyenne et la condamnation par le Comité  des  droits économiques et  sociaux  et  culturels  de  l’ONU  au  regard  des effets  sur  la  protection  sociale  des  salariés  et  la précarité  qu’il  engendre et d'une éventuelle condamnation par l'OIT. 

On continuera jusqu'au retrait

A la sortie de la rencontre avec Valls et El Khomri, la direction confédérale CGT affirmait « La mobilisation est plus que jamais d’actualité. Prochaine date le 5 juillet. ». Manifestement, il faut que les équipes militantes qui ont décidé de ne rien lâcher soient à l'initiative. Dans plusieurs entreprises la combinaison de la lutte contre la Loi travail et les revendications spécifiques a permis de faire reculer le patronat. Partout où cela est possible, nous devons maintenir la pression, multiplier les initiatives qui permettent de conserver la combativité, de tisser des liens. Ce que le 49-3 fera en juillet la rue peut le défaire en septembre.

Robert Pelletier