Le 8e congrès de l’Union syndicale Solidaires s’est tenu à Saint-Jean-de-Monts (85) du 27 septembre au 1er octobre. Étaient présents 359 déléguéEs, 37 structures nationales et 48 Solidaires locaux.
En raison de la situation sanitaire, ce 8e congrès a été reporté deux fois. Un congrès extraordinaire avait pu se tenir en octobre dernier1. Outre les propositions de modification des statuts, trois résolutions ont été discutées et adoptées lors de ce 8e congrès. La première sur les transformations du salariat et la nécessaire adaptation du syndicalisme, la destruction de la planète et les ravages du capitalisme. L’enjeu était de préciser le projet de société de Solidaires, tout en proposant une stratégie unitaire et aussi de proposer une campagne interne sur le « partage du travail ». La deuxième résolution « Égalité et solidarité » a sans doute été la résolution où il y a eu le plus de débats tant les sujets liés notamment à l’antiracisme, la place des militantEs raciséE soulevaient de nombreuses crispations entre les différentes structures tant nationales que locales.
Enfin, la troisième résolution concernait l’organisation et la structuration internes, ainsi que les moyens pour renforcer les Solidaires locaux. Au total, l’ensemble des résolutions ont été adoptées très largement tant par les structures nationales que par les Solidaires locaux, permettant ainsi d’avancer collectivement sur le corpus revendicatif.
Un fonctionnement qui permet d’avancer ensemble
Ce congrès a montré, une fois de plus, la pertinence du fonctionnement au consensus qui est au cœur du fonctionnement de Solidaires et qui permet à chaque structure d’avancer à son rythme, de dépasser les différences en se rassemblant et sans nuire à l’action et l’indépendance des différentes composantes de l’Union. Et l’exercice, reconnaissons-le, n’est pas toujours facile, voire pour certaines structures il ne serait plus opportun tant il faudrait dégager absolument des majorités et donc aussi des minorités. Mais force est de constater qu’une fois encore le consensus a permis de rassembler, et c’est tant mieux.
Et cela n’était pas gagné d’avance. En effet, après le travail de la commission des amendements qui a intégré plus de 500 amendements des différentes structures, 323, dont 109 rien que pour la résolution 2, étaient encore en discussion à l’ouverture du congrès. Le travail en commission a permis de trouver des formulations et, à l’arrivée, très peu d’amendements ont été votés en plénier (11 pour la résolution 2 par exemple). Alors certes les positions évoluent positivement mais, sur un certain nombre de sujets, cela reste inachevé, en particulier sur le terme d’islamophobie qui n’est pas encore partagé au sein de l’Union tout comme le terme de « racisé » qui n’a pas encore fait totalement consensus, le congrès lui préférant le terme « dite racisée », ce qui est toutefois une évolution certaine par rapport au congrès extraordinaire d’octobre 2020.
Des problèmes toujours pas résolus
Depuis des mois, l’Union syndicale Solidaires est traversée par des crises internes mais aussi par des divergences de fond de plus en plus marquées. Malheureusement, certaines structures ont décidé de boycotter le congrès, empêchant ainsi les débats d’aller jusqu’au bout, ce qui est regrettable. Par ailleurs, Solidaires, comme l’ensemble du mouvement syndical, est confronté également à la « crise du syndicalisme » sans précédent que nous connaissons actuellement et qui met à mal sa construction et son développement. Même si à travers la résolution 3, le congrès a essayé d’y apporter quelques réponses, cette question n’est sans doute pas assez appréhendée, discutée dans l’ensemble des structures.
Cela étant, la déclaration du congrès, adoptée à l’unanimité, donne des perspectives concrètes tant en termes de campagne d’urgence sur les salaires (ce qui a fait d’ailleurs l’objet d’une motion spécifique) que de stratégie syndicale en remettant en discussion la question de la recomposition syndicale : « Se fédérer, discuter de la possibilité de la recomposition intersyndicale à la base, dans les territoires et les secteurs, ne doit pas être tabou. Il nous faut réfléchir à la façon d’être le plus efficace pour gagner. L’Union syndicale Solidaires ne construira pas des rapprochements seule et nous verrons si d’autres structures souhaitent partager cette démarche. » C’est un pari, tentons-le !
- 1. Voir l’Anticapitaliste n° 540.