Manifestation contre l'ANI, Mardi 9 avril - Avec l’ANI se prépare une régression sociale majeure. Démarré ce mardi 2 avril, l’examen du projet de loi au Parlement devrait s’achever fin avril ou début mai. S’y opposer exige la construction d’un rapport de forces àla hauteur des enjeux, un véritable « tous ensemble » contre la politique du patronat et du gouvernement. Nous ne reviendrons pas ici sur les détails de l’Accord national interprofessionnel qui a été signé le 11 janvier par le Medef et trois syndicats (CFDT, CFTC, CFE-CGC). Baisser les salaires tout en augmentant le temps de travail, imposer la mobilité et faciliter les licenciements… ce sont bien les dernières digues qui subsistaient encore dans le code du travail qui en prennent un sacré coup.
En ligne de mire : le CDI. À défaut d’avoir pu s’en débarrasser, le patronat cherche désormais à le vider de son contenu, en le rendant plus flexible mais aussi plus précaire, mettant en place une forme de chantage permanent au licenciement pour les salariés récalcitrants qui refuseraient les nouvelles dispositions imposées au nom de la « compétitivité ».
Dans cette affaire, le gouvernement a été à la manœuvre de bout en bout. Dès novembre, il expliquait sur tous les tons que si les organisations syndicales et patronales ne se mettaient pas d’accord, il « prendrait ses responsabilités ». Aujourd’hui il met la gomme pour éviter toute mauvaise surprise. La transposition de l’accord sur le plan législatif ne devrait faire l’objet que d’un seul passage à l’Assemblé nationale et au Sénat. En même temps, la mobilisation s’avère des plus difficiles. Il n’y aura pas d’autre solution que de prendre le temps de discuter des obstacles à surmonter, comme des objectifs qui méritent d’être clarifiés.De la difficulté à mobiliser… Il y a sûrement toutes sortes d’explications mais les directions syndicales, y compris celles qui n’ont pas été signataires de l’accord, ont une large part de responsabilité dans la situation actuelle.Le bilan de la journée du 5 mars, sans appel à la grève et en plein milieu des vacances scolaires, n’était certes pas très encourageant. Il est quand même remarquable de constater que les présents ont en même temps exprimé par leurs slogans une certaine colère contre la politique du gouvernement et la pratique d’un « dialogue social » qui ressemble surtout à un marché de dupes. Las ! Le 6 mars, Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, n’a pas eu d’autre préoccupation que de vanter bruyamment l’accord de compétitivité que sa fédération de la métallurgie venait de signer à Renault, alors même que les salariés avaient débrayé à plusieurs reprises massivement dans les usines du groupe contre des mesures qui ne faisaient qu’anticiper l’ANI ! De quoi rajouter encore un peu plus à la confusion – tandis que la CFDT de son côté mène une campagne très offensive pour défendre l’accord. C’est aussi une manière de déconnecter un peu plus la mobilisation contre l’ANI des luttes immédiates qui se mènent dans les entreprises sur les licenciements, les salaires, les conditions de travail, c’est à dire l’ensemble des régressions que les patrons cherchent à imposer dès aujourd’hui au nom de la « compétitivité ». Lier les deux est pourtant essentiel. … et de la nécessité de le faire sur des objectifs clairsUne nouvelle journée d’action le 9 avril est annoncée par la CGT, FO, Solidaires et la FSU. La compréhension croissante des méfaits de cet accord par les salariéEs est un point d’appui qu’il ne faut pas négliger. Mais pour mobiliser, il faut aussi être clair sur l’objectif. Du côté syndical, l’enjeu est toujours d’encourager les députés à ne pas voter le texte « en l’état ». Même chose au Front de gauche. En première page de l’Humanité, on pouvait lire le mercredi 27 mars : « Le projet de loi contesté à gauche ». L’objectif reste pourtant des plus limités : « saisir toutes les occasions de former des majorités sur des amendements, y compris ceux qui aménagent simplement le texte sans transformer en profondeur son contenu » comme l’indique l’article en page 2. Tout en proposant des « alternatives » parfois contestables, parfois risibles comme celle de « mettre en place un observatoire indépendant, contradictoire et permanent sur l’application de l’accord afin d’alerter sur tout abus ». Il n’y a pourtant qu’un objectif à la hauteur de l’enjeu : le retrait du projet de loi. Et rappeler dès maintenant, comme pour le CPE, que ce que le Parlement a fait, la rue peut le défaire. C’est l’enjeu dans les jours et les semaines qui viennent. Jean-François Cabral