Publié le Samedi 6 avril 2013 à 13h52.

Allocations familiales : la boîte de Pandore

François Hollande renonce à l’imposition des allocations familiales parce qu’« il serait absurde de reprendre d'une main ce que l'on distribue de l'autre ». Cette remarque est exacte, mais souffre d’un « petit oubli » : cette disposition s’applique à d’autres prestations sociales. Des impôts, la CSG notamment, ponctionnent déjà les salaires de remplacement (pensions de retraite, indemnités journalières maladie, allocations chômage…).A partir de deux enfants, toutes les familles continueront à bénéficier des allocations familiales mais leur montant ne sera plus uniforme. Il variera selon les ressources des bénéficiaires. À partir de quels seuils les prestations baisseront et à quels niveaux ? Cela n’a pas encore été précisé. Un député PS, Bapt a proposé de diviser par deux les allocations familiales au-delà de 4 400 euros de revenus pour un couple avec deux enfants, ou 5 000 euros pour trois enfants. C’est ce qui s'appelle s’en prendre aux riches ?Des patrons toujours gagnantsLes allocations familiales sont financées par les cotisations sociales dites patronales, uniquement sur les salaires au-delà de 1,6 fois le SMIC. Pour diminuer davantage cette part socialisée du salaire et augmenter les profits patronaux, les gouvernements disposeront d’une nouvelle arme : ils pourront moduler à leur gré les allocations pour « faire des économies » en prétendant « s’en prendre aux riches ». Des dispositions s'inspirant de la même philosophie s’étendront de la branche famille de la Sécu aux autre branches. Le gouvernement annonce l’allongement de la durée de cotisation pour le droit à la retraite mais prétend préserver les petites retraites. Les prestations maladie pourraient ne plus être accessibles au-delà d’un certain niveau de revenu. Ceux qui le peuvent auront recours au privé et la Sécu sera limitée à l’aide sociale. C’est pour ces raisons que l’uniformité des prestations était un principe de base de la Sécu en 1945. La lutte contre les disparités de revenus n’était pas de son domaine, mais devait relever de la fiscalité. Le NPA propose que les allocations familiales soient uniformes, revalorisées et versées dès le premier enfant. La fiscalité doit être beaucoup plus fortement progressive et le quotient familial totalement supprimé, car chaque enfant apporte une réduction d’impôts d’autant plus forte que les revenus de ses parents sont élevés.S. Bernard