Publié le Dimanche 12 mars 2017 à 21h18.

Aulnay-sous-Bois (93) : « Un laboratoire du travail social low cost ? »

Entretien. Boualem Hamadache est secrétaire général du syndicat SUD au Conseil départemental de Seine-Saint-Denis. Avec lui, nous revenons sur la situation dramatique du service social à Aulnay-sous-Bois.

Qu’en est-il de la réalité du service social d’Aulnay-sous-Bois ?

Depuis décembre 2014, c’est un cauchemar éveillé pour les habitantEs d’Aulnay-sous-Bois qui rencontrent des difficultés pour accéder au service social. En effet, le maire LR Bruno Beschizza a décidé unilatéralement de mettre fin à la convention de partenariat historique depuis 1996 relative au service social entre la ville et le département. C’est ainsi que, depuis décembre 2014, les habitantEs de cette ville n’ont plus accès à un service social digne de ce nom. La décision de la ville d’Aulnay-sous-Bois de restituer la circonscription de service social au Conseil départemental a pris effet le 27 juillet 2015. Depuis décembre 2014, les habitantEs rencontraient les plus grandes difficultés à se rendre au service social, car l’activité se ralentissait, cette situation entraînant le départ des collègues assistantes sociales jusqu’à l’arrêt définitif, à compter du 31 octobre 2015.

Le Conseil départemental de Seine-Saint-Denis a voté au Comité technique du 16 janvier 2016 la mise en place d’un service social à Aulnay-sous-Bois mais pour l’instant très restreint... Seulement six assistantes sociales avec des missions prioritaires resserrées : protection de l’enfance, prévention des expulsions locatives, signalements et suivis des majeurs vulnérables, insertion et accès à l’emploi, et prise en charge de l’hébergement hôtelier.

À ce jour et dans l’attente de locaux définitifs, l’équipe est localisée à Bobigny et ne peut recevoir les habitantEs d’Aulnay-sous-Bois que 6 demi-journées par semaine dans des locaux pas adaptés.

Cette situation ne peut plus durer plus longtemps

La ville et le département se renvoient la responsabilité. Qu’en est-il ?

La responsabilité première en revient au maire de cette ville qui unilatéralement a décidé de mettre fin à la convention entre la ville et le département. C’est un oukase irresponsable ! La propagande du maire peut s’en défendre dans son journal municipal Oxygène, si mal nommé car il rend la vie « irrespirable » aux pauvres en général et aux Roms en particulier, avec deux arrêtés anti-mendicité condamnés devant le tribunal administratif de Montreuil.

Mais après plus de deux ans, le département doit trouver une solution, car il n’est pas possible de laisser se dégrader à ce point la situation sociale dans la troisième ville du département.

Le département doit arrêter de se faire balader par la ville dans la recherche de locaux. Comment imaginer après deux ans qu’il n’y ait pas de locaux adaptés dans une ville qui était candidate à l’accueil du village olympique ? Autant jeter l’éponge tout de suite pour l’organisation des jeux Olympiques si le département n’est pas capable de trouver des locaux adaptés ! Heureusement que le département est plus « dégourdi » en ce qui concerne la construction des collèges...

Quelles sont les réactions de la population ?

Certainement un fort sentiment d’abandon, d’injustice et de rupture d’égalité de traitement entre habitantEs du département. Au moment où la France entière, le monde, se révolte contre ce crime policier abject à Aulnay-sous-Bois, le département ne peut laisser perdurer un service public dégradé au service social de cette même ville.

Quelle est la situation dans d’autres villes du département ?

Il y a une très grave situation de crise au Blanc-Mesnil, où il ne reste plus que la responsable du service social et une assistante sociale.

Quelles sont les prochaines actions prévues pour les personnels ?

Nous interpellons à toute occasion les représentants du département. Nous nous mobilisons dans toutes les intersyndicales contre la dégradation du service public, comme pour la manifestation du mardi 7 mars, et nous nous associons à la réflexion des professionnelles dans les EGATS (États généraux alternatifs du travail social).

Un mot de conclusion ?

Nous avons aussi publié une brochure les Fossoyeurs du travail social que nous vous invitons à vous procurer1.

Nous nous demandons de quoi le service social d’Aulnay-sous-Bois est-il le nom ? Un laboratoire du travail social low cost ? Défendons un service public de qualité pour tous les habitantEs de Seine-Saint-Denis.

Propos recueillis par Robert Pelletier