Les auxiliaires de vie Domidom ont gagné. Elles le disent, elles l’ont fêté entre elles et le fêteront probablement bientôt avec toutes celles et ceux qui les ont soutenues.
Certes, ce qu’elles ont conquis de haute lutte — une grève de 46 jours, avec piquet quotidien devant l’agence par toutes les météos — ne correspond pas entièrement aux revendications initiales. Leur déclaration de guerre au groupe Orpéa, dont Domidom n’est qu’une filiale, disait fort et clair qu’il manque tous les mois 500 euros à tout salarié payé au Smic. Mais le rapport de forces était inégal. Elles, une douzaine d’auxiliaires de vie s’étaient lancées dans la grève presque par hasard, poussées par le climat créé à la mi-octobre par la grève des raffineurs, et plus encore par la hausse des prix, en particulier ceux du carburant. En face, Domidom, employeur de 900 travailleuses réparties dans 63 agences, qui ne connaissent dans le meilleur des cas que quelques collègues. Les grévistes se sont d’ailleurs vraiment rencontrées dans la grève. Le mépris patronal — un message ironisant sur le fait qu’elles rentreraient bien vite au boulot quand elles s’apercevraient du coût de leur insubordination — a fait le reste.
Une augmentation de salaire de 9 %
« Vous augmenter, ce n’est pas possible, sinon on va devoir fermer votre agence ». Pas grave, répondaient les grévistes : le secteur n’arrête pas de recruter, et ça ne sera pas la première fois que la sale boîte pour laquelle on bosse finit par couler. « Et puis si on augmente trop les salaires, ça va générer une hausse des prix ». Et la hausse des prix actuelle, quelle est la hausse de salaires qui l’a créée ? La grève a fini par avoir raison de ce dialogue de sourds. Dans sa dernière phase, entre le mardi 29 novembre et le jeudi 1er décembre, les Domidom sont allés poser leur piquet devant le siège d’Orpéa à Puteaux (92). Une pression qu’elles ont su combiner avec une médiatisation (quasi quotidienne depuis le début de la grève) amplifiée par le soutien de plusieurs personnalités comme le député François Ruffin.
Finalement, la direction a consenti une vraie augmentation de salaires : 9 % au lieu des 3 % initiaux — 3 % en moyenne d’ailleurs car cette hausse visait à rétablir 4 niveaux de rémunération que le Smic avait fini par tous rattraper et égaliser par le bas ; le premier échelon passait de 11,07 euros à 11,11 euros de l’heure ! —, une augmentation de 45 % des frais kilométriques, la création d’un panier repas et d’une assurance dite de « prévoyance professionnelle » payée à moitié par le patron.
890 salariées concernées
Mais surtout, les Domidom de Caen ont tenu jusqu’à ce que leur employeur concède tout cela non seulement à elles, mais aussi à toutes les autres salariées Domidom du pays ! Elles ont conscience que leur reprendre ce qu’elles ont gagné sera bien plus dur maintenant qu’elles se sont donné potentiellement 890 alliées.
Le combat va continuer car la hausse des prix se poursuit et qu’il reste beaucoup à faire pour les droits des salariées à Domidom. Une grève de 46 jours, surtout victorieuse, soude, encourage et donne des perspectives : l’espoir de voir les auxiliaires de vie s’organiser partout et imposer le respect à leurs employeurs.
Correspondant