Quelque 10 000 manifestantEs se sont réunis dans 4 villes de Bretagne ce samedi 23 novembre, à l’appel d’une intersyndicale très large.
La manifestation de Morlaix, qui a eu lieu l’après-midi, fut la plus fréquentée (sans doute 4 000). Les manifestations du matin, à Rennes où FO était présent, à Lorient et Saint Brieuc avec le renfort des dirigeants syndicaux comme Thierry Lepaon (CGT), Laurent Berger (CFDT) et Annick Coupé (Solidaires), n’ont réuni respectivement qu’environ 3 000, 1 000 et 1 000 manifestantEs. Sans être négligeable, le nombre de présents était bien en deçà de ce que prévoyait l’intersyndicale (CGT, CFDT, Solidaires, CFTC, UNSA, CFE-CGC, FSU), alors même que les dirigeants syndicaux n’ont cessé de marteler qu’ils allaient reprendre la main en Bretagne et que cette manifestation se voulait une réponse, une riposte, à la manifestation qualifiée de « populiste » du samedi 2 novembre à Quimper…Il n’en a rien été, car malheureusement les directions syndicales n’ont pas voulu voir et entendre l’immense colère ouvrière, populaire qui s’est exprimée à Quimper, même si la FNSEA, la droite et le Medef ont tenté de la dévoyer, renforcés en cela par les syndicats et une grande partie du FdG qui n’ont pas voulu entendre la voix des revendications ouvrières et anti-productivistes. Obnubilée par la crainte des « Bonnets rouges » et du débordement, l’intersyndicale n’a même pas voulu ce samedi d’une seule manifestation, initialement prévue à Rennes, pouvant permettre la coordination, la convergence des luttes et des colères de l’ensemble des départements bretons. Cette dispersion, volontaire, a évidemment nui à la participation et transformé cette manifestation en cortèges traditionnels, ternes, sans proposition d’ensemble au regard de la situation catastrophique qui est celle des salariéEs de la filière agroalimentaire en Bretagne et plus généralement des autres entreprises comme PSA, Alcatel, etc.
Donner une réponse à la détresse et à la colèreDe plus, le texte de l’intersyndicale s’inscrivait complètement dans le pacte d’avenir du gouvernement, assorti « d’un volet social » mais ne revendiquant même pas la suspension des plans sociaux, des licenciements et des fermetures d’entreprises. Il ne pouvait pas être une réponse combative et pratique à la détresse et la colère de milliers de salariéEs, de précaires, de chômeurs…Les discours officiels « bornés » par ce texte n’ont offert aucune perspective de luttes d’ensemble et surtout pas une réponse aux licencieurs, aux productivistes même affublés d’un bonnet rouge, et surtout pas à la politique d’austérité de ce gouvernement, largement épargnée dans les discours et les mots d’ordre officiels…Fort heureusement, comme le 2 novembre à Quimper, le NPA était présent dans les diverses manifestations, avec Philippe Poutou à Rennes et à Morlaix, pour porter la voix de l’indépendance et de l’unité ouvrière, avec nos tracts et banderoles pour « l’interdiction des licenciements ». Nous avons discuté de notre positionnement et de nos propositions bien au-delà de nos rangs, parmi nos camarades de la CGT, de Solidaires, de la FSU, mais aussi du FdG qui étaient présents dans les manifestations, en particulier à Morlaix.La gravité de la situation exigeait de la part de l’inter-syndicale plus de discernement pour appréhender les formes multiples de la colère et de la révolte en Bretagne et une riposte à la hauteur du massacre social en cours. Elle s’est contentée d’une charge contre « les Bonnets rouges », contre la manifestation du 2 novembre dernier et celle de ce samedi 30 novembre à Carhaix, et surtout d’un discours creux accompagnant le pacte d’avenir du gouvernement. Cela est apparu largement insuffisant.
Gérard Mas