Compétitivité ! Le mot de l’année. Celui de l’union sacrée entre la gauche au gouvernement, le grand patronat et les dirigeants syndicaux invités au « dialogue social ».SalariéEs, hommes et femmes, de tous secteurs, soyez com-pé-ti-tifs ! TouTEs contre touTEs, mais droguéEs à « l’esprit d’équipe », pour mieux permettre à la France qui ne souffre pas de la crise de suivre Bernard Arnault et Gérard Depardieu en Belgique. Histoire de payer moins d’impôts que la France qui trime. Le rang du pays dans la grande compétition mondiale serait en jeu, comme dans le sport en somme, à la différence qu’on ne nous propose pas les salaires consentis aux stars du foot.Sur les lieux de travail, « l’incitation » à la compétitivité, c’est l’inverse. Il nous faut remporter le Mondial du capitalisme à moitié de l’effectif, polyvalents mais si possible payés au smic, et destination Pôle emploi dès que l’entraîneur décide qu’on ne joue pas assez « collectif ».Soyons compétitifs donc, pour doper l’agressivité de « nos » multinationales à la conquête du marché mondial. En avant pour la guerre économique. Et voilà : on croit trimer et s’esquinter pour le Made in France, et on se tue au boulot ou au chômage pour les dividendes des marchands de Rafale, de béton, de yaourts, de flotte, de bagnoles et de nucléaire.Soyons justes. Les trusts concurrents de l’automobile, de l’acier, de l’armement, de la pharmacie ou de l’agro-alimentaire savent aussi s’entendre et se concerter au-delà des frontières. Aux salariéEs d’être leur chair à canon. Aux travailleurs de dégager, ou de consentir à être « flexibles », de travailler plus en gagnant moins, de se faire à la précarité, aux licenciements déguisés en « départs volontaires », au démantèlement du code du travail.Vous avez dit « Pacte » ?Et c’est là où on voit toute l’utilité d’un « gouvernement de gauche » : embarquer les confédérations syndicales dans la dite guerre économique. Faire passer l’intox patronale sur la compétitivité dans la loi, non seulement par la grâce du dialogue social, mais carrément par un « pacte ». Ce fameux « pacte de compétitivité »1 cher à Jean-Marc Ayrault, qui vise à généraliser tous ces accords d’entreprise calamiteux où l’on baisse les salaires et aggrave les conditions de travail, en échange de promesses de maintien de l’emploi jamais tenues. Mieux qu’une négociation nationale, un « pacte » avec le patronat donc, sous bénédiction gouvernementale. On vous le disait, c’est de guerre qu’il s’agit, et d’union sacrée… contre le monde du travail.Mais tout n’est pas dit. L’intox, les mensonges, l’enfumage et le chantage à l’emploi ont bien du mal à passer chez les salariéEs. On le voit en ce moment à Florange. Reste donc au monde du travail à jouer réellement collectif, mais contre le patronat cette fois. Et que leur prétendue compétitivité passe à la poubelle de la lutte des classes.Flore Esse1. Pour les détails du pacte en question, se reporter à notre dossier de Tout est à nous ! n°170.
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