Sous l’impulsion d’un puissant collectif de lutte, le mouvement contre la casse de nos retraites a été remarquablement radical à Chambéry. Pendant un mois, les blocages ont été quotidiens, ce qui a permis d’entraîner les lycées dans la lutte. Paniquée par le mouvement lycéen, la préfecture de Savoie a répondu avec une remarquable brutalité : les manifestations de la jeunesse ont été brisées à coup de flash-ball, matraques et lacrymogène, la gendarmerie mobile allant jusqu’à prendre d’assaut un lycée de la ville. Depuis lors, la justice a pris le relais : le procureur a fait déférer 39 jeunes devant les tribunaux, dont la majorité a été condamnée à des peines souvent lourdes pour jets de pierre, sans autre preuve que des aveux extorqués pendant d’épuisantes gardes à vue. La répression n’a pas épargné non plus les militants syndicaux. Une instruction est ainsi en cours, pour un feu de palette devant un dépôt de carburant, tandis qu’une enquête de police se poursuit pour trouver les responsables d’une coupure d’électricité qui a plongé dans le noir les participants à un banquet de l’UMP. Surtout, sous l’accusation d’avoir participé à un blocage de la gare de Chambéry, le procureur a convoqué jeudi 27 janvier, devant le tribunal correctionnel, cinq militants de la CGT et de SUD ainsi qu’un journaliste que la police poursuit de sa vindicte, après qu’il a mis sur un site d’informations alternatif les images des violences policières contre les lycéens chambériens. En vertu d’une loi de 1845, qui punit les entraves à la circulation des trains, les accusés risquent jusqu’à six mois de prison. Après avoir restreint le droit de grève, tant par les lois sur le service minimum que par le terrorisme patronal qui sévit dans la plupart des entreprises, la bourgeoisie cherche désormais à nous retirer notre droit à bloquer l’économie, sans lequel aucune des conquêtes du mouvement ouvrier n’aurait été possible. La riposte devant être à la mesure de l’attaque, les syndicats chambériens appellent dans plusieurs secteurs à la grève pour le jeudi 27 janvier. Ce jour-là, un rassemblement aura lieu dès 8 heures devant le palais de justice de Chambéry, afin de soutenir nos camarades et de dénoncer les tentatives du pouvoir pour criminaliser la lutte syndicale et le droit d’information. Laurent Ripart