Alors que son plan de départs volontaires ne convainc personne, la direction de Renault veut passer à la vitesse supérieure. Pour réduire les effectifs à tout prix, sans licencier officiellement, elle a tenté un nouveau coup dans l’ingénierie : en détournant un article du Code du travail, elle compte vendre un secteur à une entreprise sous-traitante et externaliser de force 27 salariéEs Renault. Mais la réaction a été vigoureuse et pourrait bien perturber les plans patronaux.
Après un premier débrayage réussi le 18 mars, la journée du mardi 30 mars a aussi été un succès : plus de 830 salariéEs, Renault et prestataires, ont débrayé sur plusieurs sites de recherche et développement (R&D) contre l’externalisation forcée des 27 salariéEs qui travaillent à la maintenance des moyens d’essais. À Aubevoye, Lardy ou au Technocentre, la mobilisation a pris de l’ampleur en solidarité avec ces collègues menacés. Car tout le monde est bien conscient que cette attaque est un test pour la direction, qui pourrait à l’avenir recourir à cette méthode pour tailler encore dans les effectifs et augmenter les profits des actionnaires.
Il n’y a rien à négocier
Qu’ils et elles soient Renault, sous-traitants ou intérimaires, beaucoup de salariéEs se savent dans le viseur des dirigeants mercenaires, et ne veulent pas laisser passer cette attaque de plus. Le mécontentement est si fort que certains syndicats qui avaient signé le plan de départs volontaires, comme la CFDT, se sont ralliés à ce mouvement qui commence à ennuyer la direction. À croire que même eux sont déçus par le manque de considération de la direction envers ses habituels partenaires du « dialogue social » ! De toute façon, il n’y a rien à négocier : ce projet d’externalisation, personne n’en veut !
D’autant plus que, malgré le baratin des chefs sur des prétendues garanties, personne ne s’illusionne un instant sur le fait que l’entreprise prestataire qui doit récupérer cette activité n’est destinée qu’à supprimer des postes. La preuve, cette boîte nommée P2M avait déjà été utilisée en 2015 chez PSA pour sous-traiter exactement le même secteur. Résultat : des dizaines de salariéEs s’étaient retrouvés avec des conditions de travail plus précaires ou poussés vers la sortie. À l’époque, c’était un certain Le Borgne qui sévissait dans la R&D chez PSA… le même qui se retrouve aujourd’hui à la tête de l’ingénierie chez Renault !
Préparer les prochaines mobilisations
Cette deuxième étape de mobilisation a montré que les salariéEs ne se laisseront pas faire, même si le contexte de la crise sanitaire et du troisième confinement pose quelques difficultés. À Lardy, une cinquantaine de salariéEs ont même fait grève toute la journée, convaincus qu’il faut passer à la vitesse supérieure pour faire reculer Renault. Ce noyau de salariéEs mobilisés s’organise pour faire des tournées, renforcer les liens avec les autres sites et préparer les prochaines mobilisations. Une nouvelle journée d’action était d’ores et déjà prévue le 8 avril à Boulogne, devant le siège de Renault, où doivent se retrouver des délégations de sites de R&D et d’usines, qui sont aussi frappées par les suppressions de postes.