Publié le Jeudi 6 octobre 2011 à 17h32.

Chômeurs : mobilisation anticipée !

La manifestation annuelle des chômeurs, traditionnellement début décembre, a été avancée cette année au 8 octobre par les organisations de chômeurs (AC !, Apeis, MNCP, Stop Précarité, L’Appel et la Pioche, Actuchômage).

Il y a en effet urgence : le chômage est en hausse permanente et n’épargne aucune tranche d’âge. Sur le plan de l’emploi comme du revenu, la situation sociale se dégrade, et une manifestation rituelle en décembre ne suffit plus. La manifestation a même été élargie aux mouvements de précaires, ce qui est nouveau et montre une volonté de décrispation entre les différentes façons de vivre le chômage et la précarité. Il faut déplorer l’absence de la CGT Chômeurs, qui a préféré réserver toutes ses forces pour la manifestation du 11 octobre.

Pourtant, cette manifestation, unique occasion de visibilité des chômeurs, peut au contraire aider à élargir les mobilisations. « Le chômage reste une terrible barbarie, tant individuelle que collective », dit le tract d’appel. L’exigence d’un « emploi correctement rémunéré et librement choisi » est la première revendication mise en avant. De plus en plus de gens y restent de façon prolongée. Le chômage de longue durée s’installe. Il existe une « accoutumance sociale » à l’existence de 4 millions de chômeurs en France. Il faut lever ce tabou ! Il faut mettre en avant un véritable partage du travail entre tous et toutes jusqu’à l’abolition du chômage et la fin du travail précaire imposé.

La stigmatisation des chômeurs est aussi une des préoccupations. Le discours libéral voudrait culpabiliser les chômeurs, qui seraient moins « entreprenants » ou « responsables » et se complairaient dans leur situation. Toute la politique de Pôle Emploi, à partir de la loi sur les « droits et devoirs des demandeurs d’emploi », vise à les isoler, les déstabiliser, pour en radier le plus possible. Les chômeurs demandent donc « l’arrêt de la stigmatisation, des contrôles et des radiations ».

Une autre exigence de la manifestation porte sur la possibilité de vivre, dès maintenant, avec un revenu décent. La montée du chômage s’accompagne d’un accroissement de la pauvreté que les effets placebos du RSA, socle ou chapeau, ne parviennent pas à endiguer. Le nombre de travailleurs pauvres ne cesse d’augmenter. À court terme, relever les minima sociaux de façon significative est un impératif en lieu et place des cadeaux fiscaux. À moyen et long terme, mettre en place un revenu au niveau d’un Smic de 1 700 euros net pour toutes et tous. L’existence, les besoins quotidiens vitaux sont eux à taux plein, tout emploi à temps partiel imposé doit être rémunéré à taux plein. En conséquence de la réforme des retraites et de la suppression de l’Allocation équivalent retraite, ce sont des milliers de seniors, « travailleurs privés d’emploi », que l’on accule à la misère en les renvoyant vers les minima sociaux voire vers rien…

Les politiques d’austérité ont des effets directs sur les populations à bas revenus. La recherche des équilibres budgétaires frappe les budgets sociaux dans les collectivités locales, risquant de fragiliser l’équilibre précaire dans lequel vit toute une partie de la population : chômeurs, précaires, handicapés, jeunes sans revenus, travailleurs pauvres… Des droits liés à l’inscription à Pôle Emploi ou à un revenu faible, dans le domaine des transports, de la santé, du logement, de l’aide alimentaire, sont régulièrement remis en cause ou réduits. C’est pourquoi, en arrière-fond de cette mobilisation, c’est bien la question de l’austérité et de la dette qui est posée, et de son annulation.

Commission précarité