Depuis un an, la pandémie du Covid-19 met en évidence la faillite des gouvernements et des institutions capitalistes. Macron n’y échappe pas. Il montre de jour en jour qu’il est incapable de gérer la crise sanitaire.
Après le scandale des masques, le scandale des tests, il y a désormais le scandale des vaccins, et tout cela sur fond de crise sociale sans précédent pour la majorité de la population mais aussi d’attaques incessantes contre les travailleurs et les travailleuses et leurs libertés. Il est plus que jamais temps de construire une véritable campagne unitaire contre ce gouvernement et ses politiques et de lui opposer la perspective d’un autre monde sans attendre 2022.
Depuis le début de la crise sanitaire, Macron n’est préoccupé que par deux choses. D’une part, le taux d’occupation des lits en réanimation qui est devenue sa seule boussole pour prendre des « mesurettes » n’empêchant en rien la contamination du plus grand nombre mais seulement toute vie sociale. D’autre part, en bon « président des ultra-riches », il est aussi obnubilé par les profits de ses amis, qui doivent coûte que coûte continuer à croître. Et sur ce point, on peut dire que la politique de Macron a été efficace puisque, selon Oxfam, malgré la crise, les entreprises du CAC 40 auront versé 37 milliards de dividendes à leurs actionnaires et le patrimoine cumulé des 500 plus grandes fortunes de France a progressé de 3 % en 2020, battant ainsi un nouveau record.
Depuis un an ce gouvernement n’a jamais mis en œuvre de politique sanitaire digne de ce nom qui réduirait au maximum les contaminations et les morts. Au contraire la gestion de la crise sanitaire a mis en lumière les carences du système de santé détruit par les politiques mises en place depuis des décennies. Aujourd’hui encore, alors que les « variants », en particulier le britannique, deviennent majoritaires sur le territoire, Macron choisit une nouvelle fois les mesures répressives et liberticides avec le confinement le week-end et le couvre-feu de 18h. Or les privations de libertés et la vie réduite au triptyque métro-boulot-dodo sont de plus en plus mal vécues par le plus grand nombre. D’autant plus qu’une grande partie de la population a bien compris que l’économie primait sur notre santé. La stratégie du « stop and go » de ce gouvernement ne dessine aucune perspective de sortie de la pandémie. Surtout quand la lutte contre le virus ne se fait que pendant les heures de loisirs alors que pas grand-chose n’est fait dans les entreprises où les protocoles ne sont pas tenables, que les transports en commun restent bondés et qu’aucun moyen n’est donné dans les écoles pour lutter contre les contaminations. Il existe pourtant une alternative à cette stratégie. Elle consisterait, entre autres, à donner la priorité effective et les moyens correspondant à des politiques sanitaires et sociales permettant de faire reculer l’épidémie et d’accélérer l’acquisition de l’immunité collective par une vaccination sûre, transparente et efficace.
Troisième vague sociale
La crise sanitaire qui perdure entraîne également une crise sociale et économique sans précédent. D’ores et déjà, le bilan pour le monde du travail et la majorité de la population est catastrophique : selon l’INSEE en 2020 il y aurait eu environ 700 000 destructions d’emplois en particulier les emplois les plus précaires, les intérimaires, les CDD, les autoentreprises mais aussi une multiplication des plans de restructuration et des licenciements, des fermetures d’entreprises, des plans de compétitivité. Sans oublier l’explosion de la pauvreté qui sera sans aucun doute un symptôme durable de la crise sanitaire. Selon les associations, la crise sanitaire et le confinement de mars 2020 auraient mis un million de personnes de plus dans la pauvreté.
Et en ce début d’année, la situation est loin de s’améliorer. Le maintien en vie de très nombreuses entreprises grâce au chômage partiel pris en charge par l’État, les prêts garantis par l’État ou encore le Fonds de solidarité, ne fera pas longtemps illusion et n’empêchera pas les faillites annoncées. D’ores et déjà, le chômage partiel décroit, il est passé de 8,4 millions de salariéEs en avril 2020 à 2,1 millions en janvier 2021, selon le baromètre de la situation de l’emploi de la Dares, la DGEFP, l’Acoss et Pôle emploi. Et dans le même temps, le nombre de PSE (Plan de sauvegarde de l’emploi) et les licenciements hors PSE pour motif économique sont en augmentation. La situation est déjà dramatique pour de très nombreux salariéEs, et sera explosive quand les dispositifs de chômage partiel et les différentes aides seront annulées, d'autant plus que selon l’OFCE « les faillites d’entreprise vont arriver courant 2021 et pourraient causer jusqu’à 200 000 destructions d’emplois ».
Ils veulent nous faire payer la crise
La crise du Covid-19 a provoqué une crise globale. Dans tous les pays, la récession économique et les dispositifs de relance font exploser les déficits et les dettes publics. En France, en 2020, la dette Covid est estimée à presque 235 milliards d’euros. Face à cela, le gouvernement a mis en place en décembre 2020 une commission sur « l’avenir des Finances publiques » présidée par Jean Arthuis, ancien ministre des finances de Chirac. Son mandat est de faire des propositions sur la façon de rembourser la dette Covid, sans augmenter les impôts, grâce à « une gestion plus rigoureuse des dépenses publiques » et des « réformes structurelles ». Le ton est donc donné : pour le gouvernement, ce seront donc les travailleurs et les travailleuses qui payeront l’addition via une baisse historique et massive des dépenses publiques, notamment des dépenses sociales. Et depuis quelques semaines, le gouvernement nous prépare à une austérité budgétaire dévastatrice pour la majorité de la population. Pour le coup, Dussopt ministre délégué aux Comptes publics a, pour une fois, été clair quand il déclare, dans une interview dans les Échos, que « 2021 marque la sortie du “quoi qu’il en coûte” » annoncé en mars 2020 par Macron. Sans grande surprise, leur projet est de réduire au minimum les prestations sociales, démanteler les services publics, nous faire travailler plus longtemps. Sans même attendre la fin de la pandémie, le gouvernement vient d’annoncer, après avoir refusé le RSA pour les 18-25 ans, qu’une partie de la réforme de l’assurance chômage entrera en vigueur le 1er juillet 2021. C’est bel et bien la baisse des allocations qui est dans le viseur gouvernemental puisque ce sera le mode de calcul du salaire journalier de référence qui sera la première mesure à entrer en vigueur. Autrement dit à partir du 1er juillet 2021, pour une partie des privéEs d’emplois, leurs allocations pourront être divisées par presque deux dans le pire des cas. Mais soyons rassuréEs, s'agissant de la proposition de taxer les entreprises qui auraient un recours « abusif » aux contrats précaires, sa mise en œuvre serait repoussée au 1er juillet 2022 (donc post élection présidentielle…) ! Parmi ses autres projets régressifs, le gouvernement projette de réformer la priorité donnée aux AGS, soit l’assurance qui garantit le versement des salaires en cas de défaillance de l’employeur (lors d’une procédure collective). Alors que le paiement des salaires est jusqu'à présent considéré comme prioritaire sur toute autre créance, le ministère de la justice envisage que cette priorité soit affectée à la rémunération des administrateurs judiciaires et des mandataires plutôt qu’à l’AGS et donc à celle des salariéEs. Le Medef, considérant ce sujet comme explosif, est opposé à ce projet, peut-être que cela sera suffisant pour que le gouvernement l’abandonne. Voilà des premiers exemples concrets de ce qui nous attend, si nous ne les arrêtons pas, dans les mois qui viennent.
Malgré tout, des résistances
Dans ce contexte difficile, des mobilisations, même si elles sont modestes, existent dans différents secteurs professionnels (santé, énergie, éducation nationale, contre les suppressions d’emplois…) mais aussi plus largement contre la loi de sécurité globale, contre les violences policières et contre le racisme. Enfin, ces luttes peuvent déboucher sur de petites victoires. Ainsi celle de la bibliothèque universitaire Sainte Barbe qui a permis après 3 mois de grève déterminée d’obtenir le maintien des salaires en cas de fermeture, arrêts maladie et des garanties sur les contrats futurs. Ces victoires même partielles sont importantes car elles démontrent que le salariat le plus précaire peut se mobiliser et gagner : leur généralisation est donc un enjeu important de la période. Car elles demeurent de fait isolées, et l’atonie du mouvement ouvrier dans son ensemble n’incite évidemment pas à l’optimisme.
Il n’en reste pas moins que nous ne parvenons pas, malgré les coups portés et les colères qui s’expriment face aux politiques de ce gouvernement, à mobiliser en masse et à faire converger les résistances et les luttes même si des tentatives existent comme ce fut le cas par exemple de l’appel de la CGT TUI sur les suppressions d’emplois. La principale raison est évidemment la situation sanitaire, la peur qu’elle entraîne mais aussi le contexte sécuritaire, les violences policières, la répression et les lois liberticides qui servent parfaitement les intérêts du patronat et du pouvoir.
Ne pas attendre 2022
La situation est aussi marquée par la prochaine élection présidentielle qui s’approche à grands pas. La méfiance envers la classe politique dans son ensemble, reste très importante et l’abstention risque d’être très élevée. C’est pour cela que, 416 jours avant le premier tour, beaucoup de monde désormais à gauche, à droite, à l’extrême droite n’ont que ce seul horizon y compris Macron. Ce dernier semble être préoccupé par la seule question de savoir comment sauver sa candidature. En effet, il sait pertinemment qu’il aura du mal à profiter comme en 2017 du vide politique provoqué par l’usure de l’alternance gauche-droite et ne pourra pas refaire le coup du renouvellement et du « ni gauche-ni droite ». D’où depuis quelques semaines, des discussions très discrètes avec la « gauche » et la « droite » parlementaire mais aussi depuis quelques jours des ministres qui nous rappellent, dans tous les médias, qu’ils sont de « gauche » comme Schiappa, Borne ou encore Attal. Bref les guignols sont toujours là. Et, cerise sur le gâteau, avant même que tout cela soit commencé, on nous promet d’ores et déjà un second tour Macron - Le Pen.
Pour notre part, nous refusons ce calendrier, selon lequel les solutions viendraient des urnes pour imposer une alternative et d’autres choix. Au vu des urgences sociales, sanitaires et écologiques, l’urgence est à la construction d’une riposte unitaire pour mettre un coup d’arrêt aux politiques libérales, liberticides, racistes de ce gouvernement. La priorité du mouvement ouvrier est d’œuvrer à convertir la colère et la radicalité qui se sont exprimées ces dernières années à travers les Gilets jaunes, le mouvement des retraites, les luttes contre le racisme et les violences policières, les luttes pour le climat, les luttes féministes… en expériences de solidarités concrètes et en luttes victorieuses.
Une campagne unitaire antigouvernementale globale, un plan d’urgence anticapitaliste, maintenant !
Face à ce gouvernement, il est impératif de construire une campagne unitaire, massive, antigouvernementale. Ces derniers mois, de nombreuses campagnes unitaires thématiques ont eu lieu comme celle contre la sécurité globale, contre la loi « séparatisme », contre les suppressions d’emplois et plus récemment celle autour de l’appel « Brevets sur les vaccins anti-covid, stop. Réquisition ! ».
Ces initiatives sont de très bonnes nouvelles mais face à ce gouvernement, il nous faut aller plus loin et faire converger toutes les colères, les résistances, les mobilisations et créer une campagne globale contre ce gouvernement autour d’un plan d’urgence. Il articulerait différentes dimensions.
Premièrement, les dimensions sanitaires : pour des créations massives d’emplois dans le secteur de la santé et de l’Éducation nationale, la réquisition des entreprises des sociétés pharmaceutiques, producteurs de tests, vaccins et masques, la mise en place d’une politique de vaccination transparente et massive qui mette fin aux brevets dans l’industrie pharmaceutique …).
Deuxièmement, sur le plan de l’emploi : pour la défense de l’emploi, il faut imposer l’interdiction des licenciements et des suppressions de postes, le partage du temps de travail sans perte de salaire, la création d’un million d’emplois dans la fonction publique.
Troisièmement, les dimensions économique et écologique : nous devons imposer l’annulation de la dette, une planification écologique avec la sortie des énergies fossiles, une transition de la production pour abandonner les productions jugées inutiles, l’arrêt de la course aux profits dans l’agro-alimentaire, qui facilite la circulation des virus.
Enfin, il faut répondre à l’urgence que vivent les populations les plus opprimées, notamment dans le cadre des réponses répressives à la crise sanitaire, comme l’illustre la situation catastrophique de la jeunesse aujourd’hui : avec l’instauration d’un pré-salaire pour les jeunes, la lutte contre toutes les oppressions avec la régularisation des sans-papiers et l’ouverture des frontières, la fin de l’impunité policière, l’égalité femmes-hommes en particulier sur le terrain économique ; l’abrogation des lois liberticides et racistes.
Au-delà, pour répondre à cette crise inédite et globale du capitalisme, il y a urgence à construire une alternative. D’autant que les échecs du gouvernement préparent une nouvelle montée de l’extrême droite qui n’aura qu’à se saisir des outils juridiques mis en place pour amplifier la répression et les politiques racistes et antisociales. L’heure est au regroupement, entre toutes les organisations, les collectifs interprofessionnels (en particulier ceux construits contre la réforme des retraites ou les lois liberticides), pour discuter de comment stopper cette crise et unifier notre camp social, pour reconstruire un rapport de forces favorable au monde du travail. Nous ne pouvons pas accepter l’alternative Macron ou Le Pen, car elle aboutira à toujours plus d’exploitation et d’oppression, dans un monde ou l’alternative « socialisme ou barbarie » apparaît de plus en plus clairement. Il n’y a pas de solution simple, il ne suffit pas de proclamer qu’on aurait le meilleur programme ou qu’on serait la meilleure organisation pour qu’une route s’ouvre pour le mouvement ouvrier et le mouvement social. Ce qui est certain, c’est que nos luttes d’aujourd’hui pèseront largement sur le contexte dans lequel l’élection présidentielle se tiendra, sur la possibilité d’une alternative anticapitaliste et révolutionnaire face à la crise globale du système et à la menace grandissante de l’extrême droite et de la barbarie. Il y a donc une véritable urgence !