Le docteur Poupardin a été condamné par la Sécu pour avoir prescrit à ses patients des médicaments remboursés à 100%.
Les médecins doivent utiliser une ordonnance «bizone», divisée en deux, pour les malades pris en charge pour une Affection de longue durée (ALD). Ils ne doivent écrire sur la partie haute de l’ordonnance que les médicaments de cette maladie, remboursés à 100%, et sur la partie basse tous les autres qui sont beaucoup moins remboursés. Le docteur Poupardin, exerçant dans un quartier populaire de Vitry, écrit tout sur la partie haute. La direction de la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) du Val-de-Marne (94) s’échine à l’obliger à «rembourser» une somme arbitraire de 2612 euros correspondant à ce qu’elle estime être un préjudice. Agissant ainsi, la CPAM entend dire à tous les médecins: «faites payer les personnes malades ou vous paierez à leur place»!
Ce médecin refuse en effet que ses malades ne puissent se soigner par manque de moyens (d'après les enquêtes du ministère de la Santé, 14% des personnes renoncent à des soins pour des raisons financières) et que les êtres humains soient découpés virtuellement en «organes » ou en «fonctions » susceptibles d’être soignées selon des remboursements modulables. Il refuse la marchandisation de la personne que l’on veut imposer partout.
La CPAM 94 n'est pourtant pas un modèle de gestion économe : lorsqu'un employeur est condamné dans le cas d'une maladie professionnelle, la CPAM verse la rente, mais en récupère une partie auprès de l'employeur condamné. Or, d'après l’Association nationale des victimes de l'amiante, la Sécu s'est illustrée dans plusieurs cas par sa légèreté dans sa façon de mener la procédure. Résultat : le patron est condamné, mais c'est la Sécu qui paye ! La CPAM 94 est ainsi en faute dans plusieurs dossiers liés à l'amiante, avec des dizaines de milliers d'euros en jeu. D'un côté, on sanctionne un médecin qui fait en sorte que ses malades se soignent convenablement, de l'autre, on paye à la place des employeurs condamnés !
Avec une quarantaine de personnes devant la CPAM 94, une pétition ayant recueilli 2000 signatures, le soutien de nombreux élus (PC, PS, PG) du Val-de-Marne, de médecins et de patients, le docteur Poupardin exige d'être reçu par la CPAM, l'arrêt des harcèlements contre lui et les autres médecins qui font de même, le retour aux ordonnances «unizone».
Le NPA de Vitry souligne la convergence entre cette lutte et les attaques contre l’hôpital public, le déremboursement de nombreux médicaments, le contrat assorti d’une prime proposé aux médecins qui prescrivent le moins de médicaments remboursés et le moins d’arrêts de travail, l’instauration des franchises médicales et le projet de supprimer les ALD ! Le gouvernement accentue sa politique capitaliste du «chacun pour soi et rien pour tous». Le NPA revendique plutôt : «on cotise selon ses moyens et on est soigné selon ses besoins». Il faut en finir avec les véritables gâchis en matière de santé que sont les profits de l'industrie pharmaceutique.
Bernard Galin