Publié le Mercredi 18 mars 2020 à 13h07.

Crise politique et claque pour le gouvernement aux municipales

Malgré la catastrophe sanitaire en cours, le gouvernement a maintenu le premier tour des élections municipales dimanche 15 mars. Et si, sans surprise, l’abstention a battu tous les records, ce premier tour marque aussi la sanction attendue du gouvernement. Le maintien coûte que coûte par le gouvernement du premier tour des élections municipales a été pour le moins irresponsable et totalement contradictoire avec le fait d’avoir, à juste titre fermé les établissements scolaires et de nombreux lieux publics pour tenter de répondre à la grave crise sanitaire du coronavirus. Aussi, sans surprise, avec seulement 44 % de participation (– 19,55 % par rapport à 2014), l’abstention a profondément marqué ce scrutin électoral. C’est l’expression la plus claire du large désintérêt populaire pour cette élection perçue comme totalement déplacée dans une situation où l’ensemble du pays est en train de s’installer dans le confinement. C’est aussi bien évidemment la continuité d’une crise démocratique qui marque l’ensemble des scrutins depuis plusieurs années, et qui s’exprime largement en dehors des urnes.

Sanction du gouvernement

Même si trois ministres candidats (Darmanin, Lecornu et Riester) ont été réélus dès le premier tour (comme ils avaient été élus en 2014), tout en ne rassemblant qu’entre 15 % et 24 % des inscritEs, la sanction du pouvoir annoncée depuis des semaines se confirme. L’opération Buzyn à Paris a pris l’eau, tout comme dans la grande majorité des principales villes du pays, avec en point d’orgue Lyon, jusqu’ici gérée par Collomb, ex-ministre de Macron, dont le candidat est en difficulté à l’issue du premier tour. Et même si Edouard Philippe arrive en tête au Havre (seule grande ville où un candidat LREM est en tête), n’oublions pas qu’il avait été élu dès le premier tour en 2014 et que le second tour risque d’être très compliqué pour lui. Les raisons de cet échec, il ne faut pas les chercher bien loin. Depuis son arrivée au pouvoir, la politique libérale et autoritaire de Macron est rejetée par les classes populaires : du mouvement des Gilets jaunes sur les ronds-points et dans la rue à la contre-réforme des retraites contestée par la grève, la mobilisation contre sa politique est incessante depuis un an et demi. La gestion de la grande crise sanitaire du coronavirus par le gouvernement, catastrophique, fait sans nul doute partie des nombreuses raisons de voter contre les macronistes qui, pendant plusieurs semaines, n’ont pas mesuré l’importance du danger et n’ont pris aucune mesure d’ampleur jusqu’à jeudi dernier.

Percée des Verts dans les grandes villes et pari raté pour le RN

Un constat s’impose, sans doute lié au taux d’abstention historique pour une telle élection, c’est le nombre important de maires sortants réélus dès le premier tour. Cette prime au pouvoir en place profite à tous les autres partis, des Républicains au Parti socialiste en passant par le Rassemblement national. Ce dernier, pourtant, n’a pas réussi son pari de conquérir les villes moyennes lors de ces échéances, comme on peut le constater en Seine-Maritime ou dans le sud de la France (lire ci-contre). Après les Européennes, les écologistes continuent leur percée en particulier dans les grandes villes comme Bordeaux, Lyon ou Strasbourg. Et ce sont dans les quartiers les plus favorisés de ces grandes villes que leurs scores sont les plus hauts. Mais ce sont aussi des endroits où ils menaient une liste large de gauche (PS, PCF ou avec LFI). En revanche, là où EÉLV est seule, comme à Marseille ou Paris, leurs résultats sont beaucoup moins bons. Le pouvoir, en maintenant à tout prix ce premier tour, a amplifié la crise politique, alors que le second tour est désormais reporté à… plus tard. Cette crise politique n’est que le reflet d’une crise plus profonde d’un système capitaliste à bout de souffle, incapable aujourd’hui de répondre tant au risque d’un krach boursier qu’à la menace d’un dangereux virus… Mais les réponses aux crises – sanitaire, économique, démocratique... – que nous traversons, ce n’est pas dans les urnes que l’on peut les trouver mais dans la mobilisation de touTEs pour imposer des mesures d’urgence qui font passer nos vies avant leurs profits.