C’est avec ce slogan « Face aux racistes, Romans résiste » que Romans a manifesté en novembre contre des groupes fascistes et contre l’extrême droitisation de Marie-Hélène Thoraval, la maire de Romans-sur-Isère.
Romans-sur-Isère est une ville de 33 000 habitantEs qui s’est désindustrialisée en perdant ses usines de chaussures, et dont le taux de pauvreté s’élève à 22 %. Administrée par le PS/Union de la gauche pendant quarante ans, Romans passe aux mains de Marie-Hèlene Thoraval sous l’étiquette divers droite (DVD) en 2014. Celle-ci se révèle proche de l’extrême droite.
La droite terreau de l’extrême droite
Très vite, la maire met en place les bases de son pouvoir qui cible les plus pauvres et les immigréEs. L’ambiance change à la mairie : il y règne une forte pression sur les salariéEs. Thoraval s’en prend aux maisons de quartier, en baissant les subventions et en les mettant au pas, le budget de l’éducation populaire, très active, diminue drastiquement. Suivent une baisse massive des aides aux écoles les plus défavorisées, l’augmentation des tarifs de la cantine avec suppression des menus sans porc, l’augmentation des tarifs du périscolaire pour les plus pauvres.
Elle double le nombre de caméras de surveillance. Puis, elle s’en prend à la culture qui devient un produit pour consommateur. Thoraval montre sa xénophobie en refusant de recevoir des réfugiéEs syriens. Elle ferme la Maison de la nature et de l’environnement, lieu foisonnant d’activités. Elle s’attaque au passé historique de résistance et de luttes ouvrières, en fermant le musée de la Résistance et en éjectant les syndicats de la Maison des syndicats. Avec le projet « Invest in Romans », Thoraval brade les biens de la commune : 14 biens municipaux à vendre pour des projets luxueux.
Des événements utilisés par la maire pour afficher son islamophobie
Le meurtre de Thomas, à l’automne 2023, à la sortie d’un bal à Crépol fait exploser la parole raciste contre le quartier de la Monnaie que la maire avait déjà ciblé en diminuant la présence des services publics, notamment en supprimant les éducateurEs de la Sauvegarde de l’enfance. Thoraval court les médias nationaux, de préférence ceux de Bolloré, et déverse sa haine : les « générations et dynasties de délinquants », le « racisme anti-blanc : Thomas tué parce que blanc par des non-blancs ». Elle participe à la marche blanche pour Thomas mais pas à celle de Zacharia, tué en s’interposant dans une bagarre.
Ces déclarations stigmatisent les habitantEs de la Monnaie et fracturent la ville particulièrement dans les lycées. L’extrême droite instrumentalise ce drame, et le 23 novembre 2023 une descente d’identitaires armés, prêts à se venger, tente de pénétrer le quartier de la Monnaie.
Un an plus tard le collectif « Justice pour les Nôtres » tente à nouveau de récupérer le meurtre de Thomas en appelant à un rassemblement à Romans avec le soutien de la maire qui les félicite pour leur bonne conduite. Les derniers propos de Thoraval illustrent la banalisation des paroles racistes dans l’espace public : les attaques au couteau relèvent « d’un caractère culturel », commises par « des personnes qui ne sont pas Français de souche et qui vont avoir un lien à l’islam. » Mais ces propos ne restent pas sans réaction.
Une forte résistance populaire
De ce quartier mixisé dans les années 1970, il ne reste que ceux qui ne peuvent pas partir, une grande majorité de la population est d’origine nord-africaine et turque. Le quartier a perdu les services publics : le CMS (centre médico-social) est déplacé centre-ville ; la médiathèque est fermée pour cause d’insalubrité ; les transports en commun n’y circulent plus ; le marché bruyant et vivant a été asséché par la hargne de Thovaral.
Après la mort de Thomas et les propos racistes de la maire ciblant les habitantEs de la Monnaie, ceux-ci ripostent en organisant un rassemblement : la journée des banderoles où on peut y lire les paroles de celleux qu’on n’entend pas. Ils fondent l’association « Je vote donc je suis » qui rassemble aussi d’autres quartiers de Romans prêts à se mobiliser contre le racisme et le fascisme. Battre Thoraval aux prochaines élections municipales est leur objectif.
Construire l’unité pour battre la droite et l’extrême droite
Mais l’ensemble de la gauche romanaise est divisée sur la stratégie à suivre pour remporter les élections. Dans la dynamique de la mobilisation pour le NFP, la riposte contre l’extrême droite s’est construite avec le Collectif pour Romans (de citoyens), le réseau d’éducation populaire, « Je vote donc je suis », l’ASTI, l’AFPS, Soulèvements de la Terre, Solidaires, CNT, LFI, NPA-l’Anticapitaliste, des groupes antifas.
La manifestation du 30 novembre 2024 a rassemblé 800 personnes pour 200 fascistes. Une belle réussite du côté de la mobilisation populaire, mais avec l’absence notable d’une bonne partie de la gauche, très problématique pour les prochaines élections municipales. Prochaine mobilisation le 22 mars, journée mondiale contre le racisme et le fascisme.
Correspondante