Encore une fois le record de la surpopulation pénale en France est battu ! Encore une fois, Dominique Simmonot, contrôleuse des lieux de privation de liberté et Claire Hédon, défenseuse des droits, alertent sur les conditions désastreuses de la détention dans le pays...
Le nombre de détenus dans les prisons françaises au 1er octobre s’élevait à 79 6311, une hausse de 7,1 % en un an ! Le nombre de « places opérationnelles » étant de 62 279, cela donne un taux d’incarcération de 127,9 % en moyenne, avec des pointes à plus de 200 %. Au 1er septembre 2024, 3 810 détenuEs étaient contraints de dormir sur un matelas posé au sol, contre 2 361 un an plus tôt.
Année après année, Dominique Simonnot signale dans ses rapports la détérioration des conditions de détention : « C’est catastrophique, les surveillants comme les détenus sont laissés à l’abandon ».
Claire Hédon2, quant à elle, dresse « un constat alarmant » : « surpopulation, refus de soins, fouilles intégrales abusives » et dénonce des « atteintes aux droits graves et répétées » subies par les détenus.
4 500...
Promis juré, par la voix du président en 2017, la macronie triomphante allait y mettre bon ordre : promesse étant faite de construire 15 000 places de prison à l’horizon 2027... Eh bien, encore raté : Didier Migaud, ministre de la Justice, vient d’admettre que ce ne serait pas plus de 4 500... Bien entendu, en bon illusionniste politique, membre du gouvernement fantôme de Barnier, Migaud désigne les coupables : les éluEs, leurs administréEs, qui ne veulent pas de prison près de chez eux ! Osons le dire : ils ont raison ! Ni ici ni ailleurs, il ne faut pas construire de prisons !
Libérez les prisonniers !
Mais, alors que faire des prisonniers ? Philippe Poutou, aux élections présidentielles de 2017, interrogé sur le sujet, avait indiqué la voie : il faut (en grande partie) vider les prisons. Aujourd’hui, il y a plus de 17 000 prisonniers surnuméraires, il faut les remettre en liberté ! C’est le sens de la réclamation, très largement partagée, des professionnelEs du secteur en faveur d’un mécanisme de régulation, afin que jamais, en aucun cas, le taux d’occupation de 100 % ne soit dépassé ! Illusoire, de libérer 17 000 prisonniers ? Pourtant, l’État lui-même, lors de la crise du covid, a bien libéré plus de 12 000 personnes !
L’analyse de la surpopulation carcérale arrive toujours aux mêmes conclusions : c’est la politique pénale qui provoque l’engorgement ! Abus de la préventive (21 049, soit plus que le nombre total de la surpopulation carcérale), peines de plus en plus longues, gestion « politique », voire communicationnelle de l’emprisonnement (gouverner « à l’émotion »). Et à chaque fois, ce sont les classes populaires qui trinquent !
Et pierre par pierre...
La prison, c’est notre affaire ! Chacun sait que l’emprisonnement touche d’abord les plus pauvres3. Selon l’OIP, « une large proportion de personnes détenues est issue d’un milieu défavorisé et connaît une situation de grande précarité » et « les personnes sans domicile fixe et celles nées à l’étranger sont surreprésentées dans les prisons ». Alors, encore une fois, pourquoi, au nom de notre camp social, nos organisations, ne s’attaquent-elles pas à cette entreprise de mise au ban d’une part non négligeable de la société ?
Anna Ralebolle
- 1. https://www.justice.gouv…
- 2. Communication aux pouvoirs publics, consultable depuis le jeudi 7 novembre 2024
- 3. ttps://oip.org/en-bref/qui-sont-les-personnes-incarcerees/