La loi Macron vise à faciliter l’exploitation des salariéEs mais aussi à ouvrir de nouveaux champs au capital, dans la droite ligne des directives de la Commission européenne.
Il s’agit tout d’abord de permettre à la grande bourgeoisie de réaliser quelques profits supplémentaires au détriment de la petite, en investissant le marché du droit. Ce marché est aujourd’hui cloisonné, car seuls les membres d’une même profession réglementée – notaire, avocat, commissaire-priseur, etc. – peuvent détenir les titres des sociétés au sein desquelles est exercée la profession.
Le projet de loi prévoit donc l’ouverture du capital de ces sociétés qui, associée à une libéralisation de l’installation des notaires, à un élargissement du ressort territorial dans lequel peuvent plaider les avocats et à une révision des tarifs, devrait favoriser le développement des grosses structures. Voilà pourquoi les membres de ces professions, d’habitude peu portés sur la mobilisation collective, se retrouvent dans la rue par dizaine de milliers.
Profits partout, justice (sociale) nulle part !
Mais surtout, le ministre-banquier veut étendre la logique de la production pour le profit à des secteurs qui en étaient jusqu’ici relativement préservés. Certains sont relativement réduits, comme l’examen du permis de conduire qui serait confié à des entreprises privées pour la partie théorique et le permis poids lourd, avec une hausse probable du coût pour l’usagerE. D’autres représentent potentiellement des profits beaucoup plus juteux. C’est le cas du transport par autocar entre les grandes villes, jusqu’ici interdit hormis dans le cadre de liaisons internationales. Le gouvernement prend prétexte de la cherté des billets de train pour déréglementer le transport par bus, et soumettre ainsi la SNCF – déjà mise à mal par les réformes successives – à une nouvelle concurrence. L’issue n’est pas difficile à deviner : moins de passagerE dans les trains, donc un établissement public plus déficitaire et des billets de train plus chers...
C’est aussi le cas des aéroports. Après celui de Toulouse, dont le capital a été en partie cédé à un consortium formé d’un groupe chinois immatriculé dans les paradis fiscaux et d’un groupe canadien radié par la Banque mondiale pour des faits de corruption, le projet de loi prévoit la privatisation des aéroports de Nice et de Lyon. Ce faisant, c’est une véritable rente que le gouvernement « pro-business » de Valls s’apprête à concéder. Les aéroports sont en effet placés de facto en situation de monopole : ainsi l’aéroport de Toulouse Blagnac a par exemple généré près de 10 millions d’euros de profits lors de son dernier exercice comptable.
Ces projets sont d’autant plus scandaleux qu’un rapport de la Cour des comptes vient de démontrer que, pour des infrastructures similaires, les autoroutes, la privatisation – initiée par le gouvernement Jospin et complétée par Villepin – a abouti à une hausse continue des tarifs et à générer des profits gigantesques (7,6 milliards d’euros de recettes en 2011) sur le dos des automobilistes.
Alors que la dénonciation anticipée des contrats et la renationalisation des autoroutes est réclamée jusque dans les rangs du PS, la loi Macron ne contient sur ce point que de timides mesures visant à encadrer l’évolution du prix des péages.
Les Vinci et autres Eiffage peuvent se rassurer : avec Macron, leurs rentes sont bien gardées !