Publié le Mercredi 24 octobre 2012 à 12h53.

Dépassements d’honoraires : après l’accord le malade reste le « pigeon » !

Après 23 heures de négociations l’assurance maladie et les syndicats médicaux ont abouti à un accord sur les dépassements d’honoraires. Accord historique, gagnant-gagnant selon le gouvernement. Mais qui gagne vraiment ?

Gagnante la partie du corps médical attachée avant tout à ses privilèges ? Sans aucun doute. Pour obtenir l’accord, le gouvernement a du reculer sur ses propositions pourtant bien peu contraignantes, de limiter les honoraires médicaux à 150% du tarif Sécu (soit 70€ pour une consultation remboursée 28) ! Cet encadrement n’était pas acceptable pour les syndicats médicaux corporatistes. Elle ne devient qu’une indication parmi d’autres, laissant la porte ouverte à toutes les dérives ! En outre l’Assurance Maladie devra débourser 320 millions d’€ sur 3 ans pour augmenter les rémunérations médicales.

Gagnant le gouvernement qui peut afficher le succès du dialogue social ? Peut-être.

Mais cet accord n’est certainement pas gagnant pour le malade qui continuera d’être le pigeon de ce système. Les dépassements d’honoraires courants, inférieurs aux 150%, vont continuer comme par le passé rendant l’accès aux soins, et tout particulièrement aux spécialistes, difficile voire impossible pour bien des familles de milieux populaires. Il entérine le maintien d’un système de santé « à deux vitesses ».

Enfin le danger d’un nouvel accroissement de la part des assurances complémentaires dans le remboursement des soins subsiste. Celles-ci, pourraient en effet s’engager sur une enveloppe de 150 millions d’€ qui aboutiront à de nouvelles augmentations de leurs tarifs.

L’accès aux soins, et l’égalité de tous devant les soins, suppose une toute autre politique : l’interdiction de tout dépassement d’honoraires, et le financement intégral des soins par la Sécurité Sociale. Mais, cela nécessiterait de faire passer la santé de tous comme une priorité, avant la compétitivité et les profits patronaux, et c’est justement ce que refuse de faire ce gouvernement !

Montreuil, le 24 octobre 2012