Publié le Mercredi 12 décembre 2018 à 13h57.

Des éditorialistes se réjouissent de la répression des lycéenEs de Mantes-la-Jolie

Les images des lycéenEs de Mantes-la-Jolie ont fait le tour des réseaux sociaux, à un point tel que les grands médias, notamment les chaînes d’information en continu ont été contraintes, malgré leur ignorance initiale, de les relayer. Mais le lendemain de l’interpellation, la réaction était en marche, et les interventions se sont multipliées, venues des éditorialistes maison, pour minimiser la portée de ces images, voire pour justifier le comportement des policiers. Quelques exemples significatifs, relevés par l’excellent observatoire des médias Acrimed, dont nous reprenons ici les transcriptions1

  • 1. Pauline Perrenot et Frédéric Lemaire, « Humiliations policières contre les lycéens, Barbier et Giesbert complices », 7 décembre 2018, sur www.acrimed.org[/fn].

    Lorsque l’on observe avec quelle rapidité les médias dominants ont relayé, comme à leur habitude, sur les images de « violences » commises lors et autour des manifestations des Gilets jaunes, on n’a pu qu’être frappé de leur manque d’impatience à diffuser celles de l’interpellation humiliante des lycéenEs de Mantes-la-Jolie. Il a en effet fallu plusieurs heures, voire davantage, et ce alors même que l’AFP avait authentifié la vidéo, pour que chaînes et sites d’information donnent à voir, la plupart du temps sans commentaires, ces images révoltantes. Un deux poids deux mesures évident, qui s’est confirmé dès le lendemain de l’interpellation, avec des éditorialistes jouant le rôle de porte-parole du ministère de l’Intérieur.

    Réprimer, c’est protégerSur LCI, le vendredi 8 décembre au matin, c’est Franz-Olivier Giesbert qui éructe face à un représentant de la FIDL : « Arrêtez, il y a pas de blessés là, il y a pas de blessés ! Ils auraient pu être massacrés, il n’y a pas de blessés ! C’est pas parce que c’est des lycéens qu’ils ont le droit de faire n’importe quoi ! » Alors que, de toute évidence, les policiers, eux, « ont le droit de faire n’importe quoi », entre autres de faire subir un traitement dégradant à des jeunes. Mais que ces derniers ne se plaignent pas : « Ils auraient pu être massacrés ». Et de poursuivre : « Il y a beaucoup de lycéens aussi qui veulent rentrer dans l’établissement pour suivre les cours, et qui ne peuvent pas rentrer parce qu’il y a les blocages ! Ça c’est la réalité ! Où est la démocratie ? Ils veulent travailler ! Ils veulent passer le bac ! » Il ne fait pas bon être unE lycéenE mobilisé dans la « démocratie » de Franz-Olivier Giesbert…  Sur C-News, c’est l’inénarrable Christophe Barbier qui dégaine, là encore dès le vendredi matin : « On interpelle, on neutralise tout de suite, on ne laisse pas les lycées trop occupés, on ne laisse pas les mouvements lycéens se zadifier ». Et de sortir l’artillerie lourde : « Ce qui s’est passé, c’est tout à fait normal, et c’est même pour protéger les lycéens qu’il faut comme ça les traiter ». Tout va bien ! Il ne s’agissait que de « protéger » les lycéenEs… Leur rendre service en somme, afin « qu’ils ne restent pas debout, qu’ils ne soient pas exposés aux intempéries » ou « qu’il n’y ait pas des mouvements de foule si on les laisse en groupe ». L’indécence est un métier… Commentaire d’Acrimed : « Un journalisme de préfecture qui prend ces derniers temps des accents orwelliens : dans le monde des éditorialistes […], réprimer, c’est protéger ». On ne saurait mieux dire.

    J.S.