En annonçant 20 % de hausse des prix de l'électricité, le PDG d'EDF a provoqué l' « agacement » du gouvernement, qui est prêt à se séparer d'un patron pourtant bien servile.
20 % d'augmentation du prix de l'électricité en trois ans, voilà ce qu'a tranquillement proposé le PDG d'EDF, Pierre Gadonneix, il y a quelques jours. Ce « pauvre homme » a dû être bien étonné des réactions qu'il a provoquées, lui qui a pris l'habitude des augmentations à deux chiffres depuis trois ans. Il est vrai qu'il s'agissait là de ses propres hausses de salaire (25% en 2009, par exemple).
« Pauvre » Gadonneix, qui après avoir été applaudi pour ses acquisitions industrielles lors de ces deux dernières années, se voit aujourd'hui lâché par son propre camp. C'est pourtant la politique capitaliste qu'il a mise en oeuvre avec un zèle certain. Le rachat de British Energy pour 13, 5 milliards d'euros, le rachat du belge SPE et de la moitié des réacteurs nucléaires de Constellation et une dette augmentant de 50 % pour atteindre 24,5 milliards d'euros, n'est-ce pas la rançon de la création d'une grande multinationale de l'électricité française ? D'autres, comme France Telecom, ne l'ont-ils pas fait avant lui ? Sans parler de l'Europe, où grâce à l'ouverture du marché, tout le monde rachète tout le monde en engageant des sommes à faire pâlir les PIB de certains pays en développement.
Gadonneix, succédant à Roussely (un proche du PS), s'est pourtant employé à casser méthodiquement les fondements du service public. Son bilan est « brillant » : disparition des agences clientèles et techniques de proximité et renchérissement de tous les services autres que la simple vente d'énergie. Sans parler de la mise au pas des salariés par la destruction de leurs collectifs de travail et le changement forcé de leur culture de service public, remplacée par un management « moderne ». Et que dire des gains de productivité se traduisant par des milliers de suppressions d'emplois et une politique « audacieuse » de sous-traitance. Et enfin, les sanctions contre des dizaines de salariés et militants syndicaux après la tentative du personnel de remettre cette politique en question. Tout cela ne constitue-t-il pas une belle politique de fermeté néolibérale ?
Toute cette volonté de réaliser les souhaits idéologiques de ses patrons des ministères et du gouvernement pour subir l'affront de ne pas être reconduit dans son bel emploi, pire, pour entendre égrener les noms de ses éventuels successeurs. Dur pour notre cher patron ! Décidément le libéralisme n'est bon que lorsque les lois intraitables de la concurrence sont appliquées aux autres !
Cher Gadonneix, pourquoi avoir dit tout haut ce qu'il se disait et se préparait en catimini dans les salons des ministères ? Vous auriez dû faire preuve de discrétion !
D'autant qu'au même moment, la prolongation de la vie des centrales nucléaires de plus de vingt ans était annoncée. Pour continuer à être un bon serviteur de la libéralisation du secteur de l'énergie, il fallait faire de cette véritable manne financière à venir, un non événement. Quelle mouche vous a donc piqué ? Auriez-vous surestimé les rapports de forces politiques au sein de ce pays ? Auriez-vous oublié cette maxime importante de la politique gouvernementale : en période de crise, il faut agir ultralibéral mais surtout ne pas le revendiquer.
Allez, cher Gadonneix, pour une fois, nous allons vous remercier du petit geste que vous venez d'accomplir pour nous, les anticapitalistes. Nous allons préparer les mobilisations contre l'augmentation de l'électricité et la remise en cause du tarif régulé, avec encore plus d'allant.
Mais consolez-vous, vos patrons, que vous avez si bien servis, vous préparent un magnifique parachute doré !
Paco Lelec