Les 5, 6 et 7 avril la région grenobloise a connu une mobilisation massive contre l’accaparement des ressources par les industriels de la microélectronique et contre la « vie connectée ». Une manifestation de 2 000 participantEs, le double de l’année passée, a atteint le quartier scientifique de Grenoble situé loin des tracés habituels des manifestations.
Ces trois jours ont aussi été marqués par des tables rondes et conférences, notamment dans la vallée du Grésivaudan où près de 400 personnes se sont réunies à deux pas des principales entreprises ciblées : ST Microelectronics (abrégée ST) et Soitec.
Ces entreprises produisent des puces électroniques pour de nombreux secteurs comme l’automobile, la 5G, les objets connectés. Ce sont des géants qui font leur loi puisque ST est le plus gros employeur privé de la région. Dans le cadre d’un plan européen de développement de la filière microélectronique, ST et Soitec ont été arrosés d’argent public pour agrandir leurs usines : Macron est venu annoncer 2,9 milliards d’euros pour l’agrandissement de ST.
Pillage et pollution
La production de puces nécessite une quantité considérable d’électricité, de produits chimiques mais aussi d’eau potable. À elle seule, ST consomme autant d’eau potable que toute la ville de Grenoble et elle prévoit de doubler sa consommation avec l’agrandissement. Dans un contexte local de sécheresse, de restrictions d’eau en été pour les agriculteurEs et de pénuries pour certaines communes, l’industrie de la microélectronique ne subit aucune contrainte. Elle ne se contente pas d’accaparer l’eau, elle pollue l’Isère en rejetant de nombreux produits chimiques (qui devraient doubler avec l’agrandissement) avec le soutien de la préfecture qui accorde des dérogations supérieures aux seuils habituels. Par exemple, les rejets actuels de ST en azote sont équivalents à ceux d’une ville de 55 000 habitantEs qui ne traiterait pas ses eaux usées...
Acteur des guerres
Les puces grenobloises ont des applications militaires et se retrouvent notamment dans du matériel russe utilisé en Ukraine, vendu malgré l’embargo avec la Russie. Ces ventes mortelles transitent par des entreprises intermédiaires, notamment une entreprise basée en Israël. Les liens entre la microélectronique grenobloise et cet État raciste, colonial et génocidaire sont multiples et en constante augmentation. Cet impérialisme économique a été dénoncé par Urgence Palestine 38 lors de la mobilisation des derniers jours.
Le NPA s’implique dans cette lutte contre l’accaparement des ressources par les industriels de la microélectronique. En partant de la question de l’eau, le mouvement porté par le collectif « STop Micro » a su s’implanter rapidement, obtenir un large soutien local, et s’amplifie de jour en jour. Si de petites victoires ont déjà été obtenues, la lutte face à ces multinationales promet d’être longue et la mobilisation réussie du premier week-end d’avril a marqué une nouvelle étape qui s’annonce prometteuse.
CorrespondantEs