La fac de Tolbiac à Paris, occupée par les étudiantEs en lutte depuis le 26 mars, était devenue, avant son évacuation par la police, un point de ralliement des facs de la région parisienne, mais aussi de nombreux salariéEs, dont des dizaines de cheminots venus prendre l’air de la contestation étudiante et apporter en retour leur détermination de grévistes.
Échange de bons procédés car, les jours précédents, de nombreuses « déambulations » en gares, avec des grappes d’étudiantEs, avaient ponctué la mobilisation.
Étudiants dans les gares
Des étudiantEs sont allés dans les gares pour assister aux AG de grévistes et parfois y prendre la parole. Conscients qu’ils et elles ne devaient pas rester isolés dans leurs facs et qu’il fallait que leur mobilisation soit visible des autres secteurs en lutte, ils et elles ont même organisé des manifestations de soutien dans les gares. Dès la fin mars, une bonne centaine d’étudiantEs et de lycéenEs partaient de Tolbiac pour traverser en cortège l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, la gare d’Austerlitz et la gare de Lyon, en chantant des slogans et en distribuant des tracts aux cheminotEs et aux hospitalierEs. Une nouvelle « déambulation » a eu lieu le 12 avril : près de 200 jeunes de diverses facs, dont un bon contingent de Tolbiac, Paris 7 mais aussi de Nanterre, ont fait irruption à la gare Saint-Lazare pour manifester leur soutien aux cheminotEs. Déploiement d’une banderole, rencontre chaleureuse avec des cheminotEs grévistes et, également, en direction d’usagerEs d’ailleurs très compréhensifs : une démonstration bien visible que les cheminotEs n’étaient pas isolés. L’action a été très appréciée par ces dernierEs, qui ont pu la raconter à leurs collègues et discuter de la possibilité d’un mouvement d’ensemble. Ces « déambulations », souvent à l’initiative de militants jeunes du NPA, ont eu de l’écho. Et cela a contribué à faire de Tolbiac – bien pratique parce qu’en plein Paris ! – un pôle de mobilisation.
CheminotEs à la fac
Plusieurs événements de solidarité avec les grévistes de la SNCF ont été organisés, mais c’est surtout lors de la défense de Tolbiac contre les tentatives d’évacuation par la police qu’on a constaté que le site était devenu emblématique de la lutte contre Macron et son gouvernement. Le mercredi 11 avril, deux jours après le tabassage d’étudiantEs réunis en assemblée générale à Nanterre, la menace d’une intervention policière planait sur Tolbiac. Il fallait organiser la défense en montrant que les étudiantEs n’étaient pas isolés, malgré la propagande du gouvernement.
Un meeting de soutien s’est vite organisé dans la « fosse » de la fac, en fait une vaste agora, réunissant des milliers de personnes, avec des délégations de cheminotEs et de salariéEs, postierEs, hospitalierEs et bien d’autres. Un franc succès qui a regonflé le moral et permis de tisser des liens. Le lendemain soir, alors que les CRS arrivaient en force à Tolbiac, un rassemblement de plusieurs centaines de personnes s’est à nouveau organisé en urgence devant les grilles. Des cheminotEs grévistes, des hospitalierEs, des salariéEs d’EDF, des syndicalistes du 13e arrondissement : toute la soirée, les soutiens ont convergé vers la fac pour faire barrage à la police et protéger l’occupation. Après une courte nuit, étudiantEs et cheminotEs se sont retrouvés dans la rue pour une manifestation commune qui démarrait… devant la fac ! C’est encore à Tolbiac que des dizaines de cheminotsE se sont retrouvés en réunion « inter-gares », le jeudi 19 avril. Pas étonnant que Macron ait eu envie de faire évacuer ! Mais à l’AG cheminote de Saint-Lazare, le 23 avril, une belle délégation d’étudiantEs de Tolbiac, pas découragée, était là avec sa banderole.
Dans ces déambulations et autres rassemblements et manifestations, un slogan s’est imposé, devenu incontournable : « Cheminots, étudiants : même Macron, même combat ! »
Hugo Weil