Après dix-sept jours de grève, les facteurs du centre de distribution du courrier de Paris 15 ont repris le travail le 5 novembre.
Le centre doit subir une nouvelle restructuration le 21 novembre. Celle-ci prévoit encore 24 suppressions d'emplois (près de 10 % des tournées piétonnes), avec pour conséquence une aggravation des conditions de travail. En janvier 2010, lors de la précédente réorganisation, beaucoup de jeunes facteurs et factrices avaient fait l'expérience de leur permière grève. Cette fois, les habitudes étaient déja prises : piquet de grève réunissant les grévistes chaque matin, assemblées générales où chacun pouvait s'exprimer sur le déroulement du mouvement, organisation de « visites surprises » dans les autres centres et de collectes de solidarité.
Le premier jour, il y a eu 114 grévistes (sur un total d'environ 220 facteurs), ce taux a diminué au fur et à mesure, et une quarantaine ont tenu bon jusqu'à la fin.
La Poste réorganise tous les centres les uns après les autres pour éviter que l'on se batte ensemble. Cette fois, quatre centres de la direction du courrier Paris Sud (Paris 12, 13, 14 et 15), regroupant au total un millier de facteurs, devraient être concernés entre septembre et décembre. Une occasion de changer le rapport de forces, d'autant plus que beaucoup de grévistes de Paris 15 étaient conscients que seule une extension, non seulement dans leur propre centre mais dans les autres, pouvait réellement obliger La Poste à reculer sur les réorganisations. Les grévistes se sont d'abord rendus à Paris 12, où ils ont trouvé le centre barricadé, la grille baissée, et devant, la directrice et un huissier. Ils ont néanmoins pu discuter avec leurs collègues au moment où ils partaient faire leur tournée. Un préavis de grève CGT-SUD a été déposé à Paris 12, mais a été peu suivi et le travail y a repris rapidement.
Ensuite, les grévistes sont entrés dans d'autres centres (Paris 14, puis Paris 11) et ont pu discuter avec les facteurs de ces centres, qui leur ont fait un bon accueil.
La grève restant isolée et sans réelle perspective d'extension immédiate, les grévistes ont décidé – à une courte majorité – de reprendre le travail tous ensemble le 5 novembre, non sans avoir au préalable défilé dans le centre. Si les grévistes étaient conscients que le rapport de forces ne leur permettait pas de faire annuler la réorganisation et les suppressions d'emplois, ils ont néanmoins obligé la direction à embaucher sept CDD en CDI et en transformer quatre autres en contrats pro, avec une vague promesse d'embauche en CDI à la fin de ces contrats. Quelques petites améliorations des conditions de travail ont également été obtenues : limitation du poids de la sacoche à 6 kilos (alors que la direction ne voulait pas déroger à la « norme nationale » de 8 kilos), et le refus du remplacement des absences non prévues par les autres facteurs du secteur, sauf au volontariat.
Sur les dix-sept jours de grève, quatre seront payés et deux journées de repos compensateur pour la réorganisation (dont un payé) seront données à l'ensemble du personnel.
Les collectes de solidarité ont rapporté, à ce jour, 3 400 euros. Un camarade du comité NPA du 15e est venu prendre la parole un matin au piquet pour affirmer notre solidarité avec les grévistes et leur apporter 150 euros collectés auprès des militants de l'arrondissement.
ML