Voilà bientôt un an que les Gilets jaunes manifestent, des mois que les retraitéEs descendent régulièrement dans la rue, que les services d'urgences sont en grève, tandis que les appels et les mobilisations pour exiger des moyens supplémentaires pour l'hôpital public, les EHPAD, la santé, se multiplient. Mais pour le gouvernement, une seule réponse : l’austérité.
Pourtant, ce gouvernement, parait-il « à l’écoute » des « urgences sociales » poursuivra et aggravera, en 2020, sa politique d'austérité au service du patronat. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2020 qui entame son circuit parlementaire, en témoigne. Chaque année, cette loi fixe les recettes et les dépenses des différentes branches de la « Sécu » : vieillesse (retraites), maladie, allocation familiales, accidents de travail. Leur montant sera cette année de 500 milliards d’euros, soit 21% du PIB de la France et 117% du budget de l'État.
Santé : un cran de plus dans l'austérité
La cure d'austérité au système de soins va se poursuivre : 4 milliards de plus seront encore ponctionnés, sur la santé. Les dépenses hospitalières ne devront pas augmenter de plus de 2,1% , celles de la médecine de ville de 2,4 et celles du secteur médico social de 2,8 , alors qu'il faudrait au minimum +4% pour maintenir les moyens existant. Dans ces conditions impossible d'envisager une réponse significative aux demandes de créations de postes dans les hôpitaux ou les EHPAD. Les fermetures de services hospitaliers ou de maternités vont se poursuivre, aggravant encore la désertification des territoires et la disparition des services publics dénoncées par Gilets jaunes, syndicats et collectifs de défense des services publics. Les regroupements hospitaliers vont s'accélérer.
Retraites : un « déficit » qui prépare de nouveaux reculs
Le PLFSS fait apparaitre le retour d'un « déficit » de la branche « retraites » en 2019 et 2020. Il est, pour une part, la conséquence des « réponses » apportées par le pouvoir aux gilets jaunes : pour les pensions inférieures à 2000 euros, réindexation des pensions sur la hausse des prix et suppression de la hausse de la CSG. Ce déficit, devrait s'élever à 5,4 milliards d’euros en 2019 et à 5,1 milliards en 2020.
Une partie du gouvernement voulait inclure de nouvelles mesures dès le PLFSS 2020 (allongement de la durée de cotisation, âge « pivot »…) pour « rééquilibrer » les comptes. Conscient que cela risquait de torpiller sa réforme, Macron s'y est opposé. Mais ce n'est que partie remise. Il vient de rappeler, à Rodez, que les comptes devront être « à l’équilibre » au moment de l'entrée en vigueur de sa réforme « systémique ». Les mesures douloureuses sont donc seulement reportées de quelques mois.
La faute aux Gilets jaunes ?
La présentation du PLFSS s'est accompagnée d'une vaste campagne de dramatisation du « retour du trou de la Sécu » dont les responsables étaient désignés : les Gilets jaunes et leurs revendications. Le procédé est éculé mais commode : désigner un bouc émissaire pour cacher les vraies responsabilités.
Rappelons d'abord le caractère dérisoire du « déficit » en question qui correspond à 0,02% du budget de la Sécu. Loin de révéler le caractère « déraisonnable » des revendications des gilets jaunes, le « trou » creusé par les quelques mesures accordées par le pouvoir sont le résultat des choix politique de celui-ci : Ne pas mettre le patronat à contribution en faisant payer la note à la Sécurité sociale (exonérations de cotisations sur les heures supplémentaires ou sur la prime de fin d’année ; pas de compensation de la diminution de la CSG). C'est ce choix qui doit être dénoncé et combattu.
Pour financer les retraites et la santé, c'est bien d'un autre partage des richesses qu’il doit être question, en ajustant, par l'augmentation des cotisations patronales, les recettes de la Sécurité sociale aux besoins et non l'inverse, mais c'est bien sûr ce choix que refuse de faire l'exécutif et qu'il faut imposer.
Jean-Claude Delavigne