Publié le Vendredi 15 avril 2011 à 23h33.

Ford Blanquefort : manœuvres pour faire plier la contestation… mais on s’accroche !

Nous sommes toujours en plein PSE (336 départs volontaires) que Ford a beaucoup de mal à finaliser. Voilà trois semaines que cela aurait dû être fait. Mais grâce à plusieurs journées de mobilisation, nous avons réussi à déstabiliser la direction, en mettant en évidence en CE et CHSCT des incohérences et les aspects dangereux pour l’avenir du site. Sous cette pression, la multinationale vient d’annoncer à la fois la confirmation de trois petits projets et surtout la possible arrivée d’un gros projet de fabrication d’une nouvelle transmission automatique. Ce qui pourrait amener à près de 1 000 emplois « sauvés » pour la suite. Seulement les jours passent et nous ne pouvons pas maintenir le même niveau de mobilisation dans un contexte où les attaques ne sont pas directes, entre départs volontaires et promesses d’avenir. Ford, l’État, les pouvoirs publics, tous manœuvrent pour nous faire plier. Devant le blocage de la situation, les dirigeants de Ford Europe revenus sur le site ont apporté des éléments concrets sur le « gros » projet tant attendu (579 emplois) pour rassurer, quelques menaces du genre « ne bougez pas trop, vous pouvez tout perdre », pour nous calmer et, quelques conditions du style « il va falloir voir le niveau de compétitivité du site », pour nous mettre la pression. Les dirigeants ont rencontré deux heures plus tard les élus locaux (Juppé, Rousset…), le Préfet et l’ensemble des pouvoirs publics… s’assurant qu’ils pouvaient compter sur des aides publiques : une somme de 24 millions d’euros seraient apportée (15 % des investissements) et un bonus de 10 millions sous forme de financement des périodes de chômage technique et du plan de formation. Le soir même, élus et pouvoirs publics se sont félicité des annonces de Ford. Oubliés les plans foireux, la « reprise » et tous les projets ratés ! La confiance est revenue subitement au point de répondre favorablement aux « exigences » de Ford. Pourtant, la multinationale qui fait plus de 6 milliards de profits compte supprimer 25 % de l’effectif, promet le maintien de 1 000 emplois mais sans engagement ferme. Et ce n’est pas tout. Pour bien mettre la pression sur l’intersyndicale, fragiliser la résistance, la DIRECCTE (ex-DDTE) a envoyé un courrier à la direction, aux secrétaires des CE et CHSCT pour « rappeler » la loi, c’est-à-dire que le PSE doit respecter les règles à savoir qu’il doit y avoir une date de fin ! Incroyable. La DDTE demande la finalisation du PSE mais ne demande pas que Ford respecte les contraintes légales telles qu’une visibilité économique sur l’avenir du site, une véritable consultation avec remise de documents, ce qui n’est pas le cas. Résultat, l’unité syndicale ne tient plus. La plupart pensant que nous sommes allés au plus loin et qu’il est impossible de faire reculer Ford, que ce soit pour officialiser  des projets ou sur les conditions de départ des anciens. La CGT se retrouve de nouveau seule pour tenter le maximum alors que les collègues, après avoir réussi les actions de décembre, retombent dans la résignation. Pourtant, la grande majorité est écœurée par les méthodes de Ford, par le traitement des anciens qui partiraient avec des pensions autour de 1 200 euros, largement insuffisantes pour vivre dignement, par toujours les mêmes vagues promesses pour l’avenir des emplois. Mais l’heure n’est pas non plus à la démoralisation. Nous avons une fois encore chamboulé le calendrier de Ford, nous avons contrarié ses plans et obtenu un début d’engagement pour maintenir les 1 000 emplois. La résistance doit continuer, les aventures sont loin d’être finies.

Philippe Poutou