Publié le Jeudi 16 juin 2016 à 10h51.

Gouvernement et PS : Les provocations et le mépris sanctionnés par la rue

Pas une journée ne passe sans attitudes ou déclarations provocantes d’un ou de plusieurs membres du gouvernement ou du PS... Mais pas un jour non plus sans que notre riposte dépasse leurs coups de menton.

Les provocations sont l’arme d’un gouvernement aux abois tandis que notre riposte parce qu’elle est légitime est conquérante.

Le ministre se fait tailler un costard...

« Vous n’allez pas me faire peur avec votre tee-shirt. La meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler ! » Cette arrogance de l’ancien banquier Macron devenu ministre d’un gouvernement socialiste, est à la hauteur du mépris qu’il affiche envers notre classe et nos mobilisations. Mais si le costard à 1 200 euros, dont le prix dépasse celui du salaire mensuel net d’un travailleur au SMIC, fait le ministre, le bleu de travail, lui, fait le travailleur, celui qui produit la richesse réelle et entre en lutte pour défendre le code du travail. C’est ce qu’a exprimé le geste symbolique d’un salarié vendredi dernier à Nancy, offrant un bleu de travail au ministre. Un acte profondément juste parce qu’il entre complètement en résonance avec le mouvement social actuel. Signe ostentatoire de richesse contre vêtement de travail, c’est au salarié et à ses camarades que va la sympathie de toutes celles et ceux qui ne veulent plus de ce monde.

Lundi 6 juin à Montreuil, aux cris de « un costard à rayures pour les exilés fiscaux » et « plutôt en grève qu’en costard », c’est un œuf que Macron avait reçu sur la tête. Là encore, il cherchait la provocation, venant là pour un hommage postal au Front populaire, c’est d’ailleurs ce que lui reproche ses complices du gouvernement, et il a trouvé une manifestation belle, colorée, puissante.

Ainsi, c’est le refus de l’injustice sociale, la rage d’abolir les privilèges, la conscience du moment présent et de notre force potentielle, qui éclate de façon inventive à chaque fois que Macron et ses pairs nous provoque.

Le gouvernement en meeting... pour se soutenir lui-même !

D’après les médias, mercredi 8 juin, c’est 200 cars remplis de CRS qui étaient présents pour protéger les 200 invitéEs, triés sur le volet par le gouvernement pour participer à un meeting dans le 12e arrondissement de Paris... Que celui-ci soit obligé de mobiliser autant de forces de police (pourtant épuisées !) pour pouvoir s’adresser à ses soutiens, signe son illégitimité totale.

Sur le fond, organiser un meeting pour soutenir son propre projet de loi auprès de celles et ceux appartenant à son propre parti parce qu’il faut les booster, est une démarche suffisamment rare pour qu’on écoute ce que ce gouvernement aux abois va développer comme nouveaux arguments. C’est d’abord Cambadélis qui explique que « au secours, la droite revient, mais en plus aujourd’hui elle prévient », sans oublier de tacler ce qu’il appelle l’extrême gauche : « l’extrême gauche rêve d’un printemps politique mais ferme les yeux sur l’hiver social que prépare la droite ». Valls, ensuite, s’inquiète : « attention la droite menace de gouverner par ordonnances », comme si lui-même n’avait pas déjà utilisé trois fois le 49-3 en deux ans ! Nous voilà prévenus, avec la droite ce sera pire...

Pour le moment, le pire, c’est la loi El Khomri portée par ce gouvernement socialiste et c’est bien celui-ci que plus de 500 manifestantEs sont venus conspuer en se rassemblant devant le meeting et en organisant une manifestation, sauvage comme les autres.

En fin de règne 

Ce gouvernement change la société en nous imposant un droit d’exception depuis 6 mois qui redéfinit ce qui est permis ou illicite. Il instaure la répression permanente, alliant occupation de l’espace par la police et confrontation systématique de celle-ci avec les manifestantEs. Il autorise l’emploi d’armes dangereuses, des LDB aux grenades dites de désencerclement, et de méthodes nouvelles : le nassage ou le ketting, sorte de rafle, utilisé pour couper les manifestations comme les forces de police le souhaitent. Le nombre de blesséEs sérieux se comptent en dizaines. Il multiplie les arrestations, la répression judiciaire et l’emprisonnement comme gestion des manifestantEs...

Et malgré cela, le mouvement pour le retrait de la loi travail dure, s’enracine, s’invente sur de multiples terrains de lutte. Alors les provocations scandaleuses ne sont que les signes de l’agonie politique de ce gouvernement et et du parti au pouvoir, coincés entre les attentes des patrons, de l’Union européenne, d’un néolibéralisme tout entier qu’il ne peut satisfaire totalement malgré sa bonne volonté, et par un mouvement social multiforme de résistances, qui construit des pratiques, une expérience et un discours qui deviendront récit.

Les forces de la légitimité, de la dignité et l’avenir sont de notre côté, parce que nous, nous pouvons dire, comme Marceau Pivert en mai 36 « tout est possible ! »

Roseline Vachetta